Après échec des traitements conservateurs, que proposer aux patientes souffrant d’incontinence ? Un essai randomisé américain paru dans le JAMA a comparé l’efficacité des interventions de 2e ligne : traitement par toxine botulinique A et pose de bandelette sous-urétrale.

Pouvant toucher jusqu’à un tiers des femmes de plus de 60 ans, l’incontinence urinaire est une affection très fréquente, dont le retentissement sur la qualité de vie est important. La prise en charge recommandée en première ligne est la rééducation périnéosphinctérienne – qu’il faut savoir bien prescrire, en évitant les pièges courants –, mais lorsque celle-ci s’avère insuffisante, quel traitement de seconde intention choisir, parmi tous ceux disponibles ?

Pour répondre à cette question, des chercheurs américains ont comparé, chez des femmes ayant une incontinence urinaire mixte (urgenturie et effort), l’efficacité des injections intradétrusoriennes de toxine botulinique – un traitement orienté vers la composante de l’urgenturie – et de la pose d’une bandelette sous-urétrale – qui se concentre sur la composante de l’effort. Leur objectif : identifier l’intervention qui améliorait le plus les symptômes et qui était donc à proposer en premier.

Cet essai randomisé ouvert a été mené dans 7 centres aux États-Unis entre juillet 2020 et décembre 2023, chez 137 femmes d’âge moyen 59 ans. Les participantes avaient une incontinence urinaire mixte avec des symptômes modérés à sévères depuis au moins 3 mois, réfractaires au traitements conservateurs (rééducation) et médicamenteux ; 71 patientes ont reçu le traitement par toxine botulinique A et 66 ont eu une pose de bandelette sous-urétrale.

L’évolution des symptômes à 6 mois du traitement était le critère primaire de jugement. Elle était évaluée grâce au score Urogenital Distress Inventory (UDI). Ce score, qui comprend une autoévaluation des symptômes d’urgenturie (nycturie, fréquence des mictions…), de l’incontinence à l’effort et des symptômes obstructifs, va de 0 à 300 – un score plus haut signifiant des symptômes plus sévères. Après 6 mois, les patientes pouvaient recevoir le traitement destiné à l’autre groupe ; ainsi, à 12 mois, un tiers de celles du groupe « bandelette sous-urétrale » avaient aussi reçu des injections de toxine botulinique, et 16 % de celles du groupe « toxine botulinique » avaient aussi eu une pose de bandelette.

Une amélioration du score UDI moyen a été observée dans les deux groupes à 6 mois, sans différence significative entre eux : la réduction du score global a été de 66,8 points en moyenne dans le groupe de patientes traitées par toxine botulinique et de 84,9 points dans celui des patientes traitées par bandelette sous-urétrale, soit une différence moyenne de 18,1 points entre les deux, inférieure au seuil de 26 points considéré comme cliniquement significatif (IC 95 % : - 4,6 à 40,7 ; P = 0,12).

Quant aux critères secondaires, l’amélioration des seuls symptômes d’incontinence d’effort a été significativement plus importante avec la bandelette (- 45,2) qu’avec la toxine botulinique (- 25,1 ; P < 0,001), mais il n’y avait pas de différence significative sur les symptômes d’urgenturie. D’après les auteurs, la non-supériorité de la toxine botulinique sur ce dernier critère pourrait s’expliquer par le fait que ses effets s’estompent avec le temps (d’où la nécessité de réitérer les injections), or seules 13 % des femmes de ce groupe avaient reçu une 2e injection entre 3 et 6 mois.

Une partie importante des patientes ont eu besoin de recevoir un traitement supplémentaire pour maintenir les bénéfices cliniques au-delà de 6 mois. Ainsi, à 12 mois, environ un tiers de celles du groupe « toxine botulinique » avaient reçu une deuxième injection, près d’un quart de toutes les participantes avaient reçu les deux traitements de l’essai et une patiente sur dix avait reçu d’autres traitements additionnels non prévus dans l’étude. Il n’y avait pas, à 12 mois, de différence significative entre les deux groupes concernant les symptômes, qu’ils soient d’urgenturie ou d’effort, ou mixtes.

Aucun effet indésirable grave lié aux traitements n’a été rapporté pendant l’étude.

Si ces résultats suggèrent que les deux traitements sont équivalents pendant un suivi de 6 mois, les auteurs signalent que – l’incontinence urinaire étant une maladie chronique – un suivi à plus long terme est nécessaire, notamment pour mieux évaluer les patientes recevant à terme les deux types de traitement.

Pour en savoir plus
Harvie HS, Menefee SA, Richter HE, et al. Midurethral Sling vs OnabotulinumtoxinA in Females With Urinary Incontinence.  JAMA Netw 5 mai 2025.