Si la plupart des infections respiratoires aiguës (IRA) pédiatriques sont virales, beaucoup de soignants prescrivent des antibiotiques à large spectre, craignant une possible origine bactérienne à risque d’aggravation. Le dosage de la CRP permet de distinguer rapidement les IRA d’origine probablement virale (faible CRP) des IRA d’origine probablement bactérienne (CRP élevée) à l’aide de techniques peu coûteuses. Cependant, il n’existe pas de consensus sur des valeurs seuils décisionnelles.
Afin d’évaluer l’intérêt d’un test rapide CRP en soins primaires pour diminuer la consommation d’antibiotiques dans les IRA pédiatriques, des chercheurs kirghizes et danois ont mené un essai randomisé contrôlé ouvert au Kirghizistan. Cette étude a inclus des enfants âgés de 6 mois à 12 ans, souffrant d’IRA depuis moins de 2 semaines (forme non sévère à l’inclusion) et n’ayant pas pris d’antibiotiques dans les 24 h précédentes. Les 1 204 patients ont été aléatoirement répartis en deux groupes : prise en charge standard (contrôle) (N = 603) et prise en charge standard + test CRP (N = 601). Le test utilisé (QuickRead Go) permet d’obtenir un résultat en 3 minutes.
Concernant l’interprétation des résultats du dosage, les soignants ont reçu les consignes suivantes : une CRP < 10 mg/L indique typiquement une infection virale ou bactérienne non sévère, une CRP entre 10 mg/L et 50 mg/L représente une zone grise pouvant nécessiter des antibiotiques et une CRP > 50 mg/L justifie généralement des antibiotiques. Les critères de jugement principaux étaient l’utilisation d’antibiotiques sur la période de suivi de 14 jours post-inclusion et le temps jusqu’à guérison rapporté par l’accompagnant de l’enfant. Les critères secondaires incluaient la fréquence de re-consultation durant 14 jours et l’admission à l’hôpital.
L’étude est parue en janvier 2025 dans The Lancet Regional Health – Europe. L’utilisation d’antibiotiques était significativement plus faible dans le groupe CRP (36 % des patients) que dans le groupe contrôle (60 % des patients), soit une différence absolue de 24 % (IC95 % = [15 % ; 34 %]). Il n’y avait pas de différence entre les deux groupes concernant le temps de guérison ni les admissions à l’hôpital. En revanche, dans le groupe CRP, le taux de re-consultation pendant le suivi était légèrement plus élevée (de 5 %) que dans le groupe contrôle (odds ratio = 1,31 ; IC95 % = [1,01 ; 1,71]).
Ainsi, dans cette étude, le dosage de la CRP en soins primaires a réduit significativement l’usage d’antibiotiques dans les IRA pédiatriques, sans s’accompagner d’effets négatifs pour la santé. Ces données plaident donc en faveur de l’utilisation de test rapides (ou micro-CRP) au cabinet de médecine générale.
Guyot E. Marqueurs de l’inflammation : places de la CRP et de la procalcitonine. Rev Prat 2024;38(1090);373-4.
Lorrot M. L’antibiothérapie est-elle encore trop prescrite chez l’enfant ? Rev Prat (en ligne) 27 septembre 2019.