Les missions spatiales offrent un modèle unique pour étudier l’adaptation de l’organisme humain à un environnement extrême : microgravité, confinement, isolement, rayonnements, etc. Le CNES, via l’Institut de médecine et de physiologie spatiales (Medes) et sa clinique spatiale, pilote depuis plus de trente ans des recherches en médecine spatiale qui trouvent aujourd’hui de nombreuses applications en santé publique. L’objectif initial est de préserver la santé des astronautes lors de missions longues (jusqu’à neuf mois pour Mars), où tout retour (urgent) est impossible. Cela implique le développement de stratégies de prévention, de contre-mesures personnalisées, de télémédecine autonome et de dispositifs médicaux miniaturisés et robustes.Les études de simulation au sol (par alitement prolongé ou immersion sèche) permettent de reproduire les effets de l’impesanteur et de mieux comprendre des troubles observés en orbite : fonte musculaire, ostéoporose accélérée, désordres cardiovasculaires, syndrome neuro-ophtalmique, troubles métaboliques. Ces recherches offrent un modèle expérimental précieux pour mieux comprendre des pathologies terrestres liées à la sédentarité, au vieillissement ou aux maladies chroniques.Par ailleurs, les exigences du spatial – autonomie, contraintes techniques, personnalisation – stimulent le développement de technologies innovantes utiles en médecine courante : capteurs physiologiques embarqués, diagnostic avec goutte de sang séchée, modélisation prédictive, télémédecine.Ces travaux s’inscrivent dans une dynamique interdisciplinaire promue par le programme Spaceship FR, catalyseur français de l’innovation spatiale appliquée à la santé, et visent à inspirer à la fois la recherche biomédicale et l’organisation des soins de demain.En somme, la médecine spatiale ne se limite pas à l’espace : elle éclaire les mécanismes du vivant, accélère l’innovation technologique et propose de nouvelles solutions pour améliorer la santé sur Terre.

Guillemette Gauquelin-Koch, responsable des sciences de la vie, Centre national d’études spatiales (CNES), France

13 mai 2025