Incapacité à s’endormir ou à maintenir son sommeil, ou bien encore éveil trop précoce. S’y associent des troubles diurnes perturbant la qualité de la journée : fatigue, irritabilité, manque d’entrain et d’envie, difficultés de concentration, troubles de la mémoire…
Sont concernés 15 % des Français (Institut national du sommeil et de la vigilance, INSV, 2019).
Elle est dite chronique si elle survient au moins 3 jours par semaine, pendant plus de 3 mois.
Elle peut s’installer :
– progressivement, parfois avec un début dans l’enfance ;
– ou, plus souvent, à l’occasion d’événements de vie à fort potentiel émotionnel (naissance, rupture, licenciement, maladie…).

Quelle évaluation ?

Entretien clinique à la recherche de comorbidités :
– pathologies psychiatriques +++ (dépression, anxiété) ;
– affections somatiques (reflux gastro-œsophagien, dysthyroïdie, pathologies neurologiques…).
Récapitulation des traitements pris.
Enquête sur les habitudes de vie du patient (activités dans la soirée et la nuit : téléviseur dans la chambre, écrans, réseaux sociaux, SMS ; et dans la journée : pratique sportive, tabac, alcool, café).
L’agenda de sommeil tenu sur 15 jours (au minimum) :
– objective la plainte et sa fréquence et révèle l’évolution en fonction des situations et consignes données ;
– apprécie la régularité des heures de coucher et de lever, la latence d’endormissement, la durée et le nombre des éveils nocturnes ;
– montre un décalage le week-end (jet lag social) ;
Recherche de pathologies spécifiques du sommeil :
– syndrome des jambes sans repos (SJR) [clinique] ;
– mouvements périodiques nocturnes isolés des membres, souvent associés au SJR (polysomnographie) ;
– syndrome d’apnées du sommeil (polysomnographie).

Traitement : d’abord non pharmacologique

Restructurer les habitudes et les rythmes.
Modifier les comportements de sommeil : lever tous les jours à la même heure, contrôle des écrans le soir (pas de télévision, téléphone portable ou tablette/ordinateur au coucher), suppression des excitants et de l’alcool.
Changer les habitudes diurnes : café, écrans, tabac ; régularité des horaires de repas. Encourager le sport 30 minutes 4 fois/semaine (au minimum) plutôt le matin et l’exposition à la lumière naturelle tous les jours. En hiver, séance de photothérapie matinale d’une demi-heure avec une lampe dédiée.
Après étude de l’agenda, déterminer l’heure de lever idéale (en fonction de la physiologie du sujet mais également de ses obligations professionnelles, familiales ou sociales).
Limiter le temps passé au lit sans dormir, souvent excessif chez l’insomniaque (encadré).
En cas d’échec ou d’impossibilité de mise en œuvre, prescrire hypnotiques ou antidépresseurs sédatifs.
Relaxation et techniques de méditation : intéressantes en complément. Le patient doit se recentrer sur le moment présent, éviter l’anticipation négative du lendemain.
Encadre

Restreindre le temps passé au lit (+++)

Proposer au patient de faire correspondre le temps qu’il pense dormir chaque nuit avec celui qu’il passe dans son lit, sans descendre au-dessous de 6 heures.

Faire calculer chaque jour l’index d’efficacité de sommeil [(temps de sommeil estimé/temps passé au lit) x 100]. Une fois cet index supérieur à 85 % pendant quelques jours, l’heure du coucher peut être avancée si besoin de 15 minutes pour trouver un temps de sommeil plus confortable sans qu’il soit déstructuré, sinon revenir aux horaires précédents.

Prévenir le patient que le premier mois sera difficile, attirer son attention sur la possibilité de somnolence durant la journée et donc sur les dangers potentiels de la conduite automobile.

à utiliser avec prudence si comorbidités dépressives et/ou troubles de l’humeur (risque de virage maniaque).

Encadre

Points clés

L’insomnie est un trouble spécifique à traiter parallèlement aux comorbidités.

Les TCC adaptées à l’insomnie ont le plus haut niveau de preuve d’efficacité à court, moyen et long termes.

Le traitement de 1re ligne est comportemental : modification des habitudes de sommeil et restriction du temps passé au lit.

Intérêt ponctuel et limité dans le temps des médicaments, solution de recours en cas d’échec ou impossibilité des autres approches.

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