Survenant dans 75 % des cas pendant l’hiver, l’intoxication au monoxyde de carbone est encore assez fréquente, en raison du manque d’information de la population. Compte tenu de la gravité de ces intoxications à la phase aiguë mais aussi chronique, il est important de savoir les diagnostiquer et de prodiguer aux patients les bons conseils pour s’en protéger.

Environ 3 000 personnes sont accidentellement intoxiquées au monoxyde de carbone (CO) chaque année en France ; une centaine en meurent. Le CO reste la première cause de décès par intoxication accidentelle dans l’habitat en France. Ces données sont probablement sous-estimées en raison de la méconnaissance du diagnostic.

Principales sources de monoxyde de carbone

Invisible, inodore et non irritant, donc indétectable, le monoxyde de carbone est un gaz résultant d’une combustion incomplète (par apport insuffisant d’oxygène) de toute matière carbonée. Respirer ce gaz entraîne une intoxication grave voire létale.

Dans les habitations, les principales sources de CO sont :

  • installations raccordées à un conduit (chaudière, chauffe-eau, cheminée), surtout si elles sont mal entretenues ;
  • appareils mobiles s’ils sont mal utilisés (chauffage d’appoint, brasero, groupe électrogène, pompe à eau, barbecue) ;
  • appareils utilisant des combustibles (gaz naturel, bois, charbon, fioul, butane, propane, essence, pétrole).

La quantité de CO qui se dégage est influencée par l’apport d’air frais (ventilation) et l’évacuation des gaz brûlés.

Les intoxications surviennent majoritairement lorsque s’associent une surproduction de CO par des appareils défectueux et une diminution de son évacuation (ventilation).

Des gestes simples pour les éviter sont listés dans l’encadré ci-dessous. La majorité des personnes équipées de ces appareils ne sont pas conscientes que ces équipements peuvent émettre du CO, d’où l’importance de relayer ces recommandations. Un flyer « Se protéger des intoxications au monoxyde de carbone » est téléchargeable sur ce lien.

Quand évoquer une intoxication ?

La toxicité du CO est liée, d’une part, à sa fixation sur l’hémoglobine ; cette dernière a 250 fois plus d’affinité pour le CO que pour l’oxygène, ce qui aboutit à une hypoxie. Mais le CO est aussi responsable d’une toxicité cellulaire.

Le diagnostic d’intoxication est clinique, fondé sur la présence de symptômes évocateurs (v. ci-après), le contexte et, si possible, la mesure de la présence de CO (mesure locale à domicile ; mesure transcutanée du CO ou sanguine de la carboxyhémoglobine). Une histoire compatible avec une possible inhalation de CO – présence à domicile d’une source probable, intoxication collective – est un argument majeur.

Les symptômes d’intoxication ne sont pas spécifiques. Les atteintes neurologiques et cardiaques sont prédominantes et dépendent surtout de l’intensité et de la durée d’exposition.

Parmi les signes initiaux, on retrouve :

  • céphalées ;
  • myalgies ;
  • vertiges ;
  • nausées ou vomissements ;
  • confusion ;
  • faiblesse musculaire, hyper-réflexivité tendineuse ;
  • troubles du comportement ;
  • troubles visuels.

Dans les cas graves :

  • coma hypertonique ;
  • trismus ;
  • convulsions ;
  • hyperthermie ;
  • sueurs et coloration rouge « cochenille » des téguments (rare et grave) ;
  • signes cardiaques allant de la douleur thoracique, l’HTA et les troubles du rythme à un possible syndrome coronaire aigu, voire un choc cardiogénique pouvant mener au décès ;
  • détresse respiratoire ;
  • rhabdomyolyse ;
  • insuffisance rénale aiguë.

L’intoxication chronique au CO est caractérisée par une fatigue, des problèmes émotionnels et des anomalies neurologiques diverses.

Conduite à tenir

La première mesure urgente est l’arrêt immédiat de l’exposition à la source potentielle et l’éviction de la personne du milieu toxique. Les patients doivent connaître ces mesures et les appliquer devant l’apparition des symptômes, d’autant plus s’ils touchent plusieurs personnes au sein d’un même foyer :

  • aérer immédiatement ;
  • arrêter les appareils à combustion ;
  • évacuer les locaux ;
  • appeler les secours (le 15, le 18 ou le 112 / 114) ou un centre antipoison (numéro d’urgence 24/24, 7/7 : 01 45 42 59 59).

La prise en charge immédiate est hospitalière. En fonction de l’urgence de la situation : oxygénothérapie normobare ou hyperbare, voire réanimation en cas d’arrêt cardiorespiratoire.

La mise en place rapide d’un traitement adéquat permet de diminuer voire d’éviter les manifestations neuropsychiques secondaires (syndrome post-intervallaire). Ces séquelles surviennent en général 3 à 4 semaines après l’épisode aigu, mais parfois jusqu’à plusieurs mois après l’intoxication. Elles comprennent : syndrome parkinsonien ; troubles du comportement, de l’attention ou de la mémoire ; surdité de perception ; polynévrites ; troubles cardiaques.

Aucun signe clinique ou biologique ne permet de prédire l’apparition du syndrome post-intervallaire, mais l’âge supérieur à 60 ans et l’existence d’un trouble de la conscience au cours de l’intoxication semblent être des facteurs de risque.

Encadre

Les bons gestes pour limiter les risques d’intoxication au monoxyde de carbone

Dans le logement

  • Au moins une fois par an, avant l’hiver et impérativement avant toute remise en fonctionnement, faites systématiquement vérifier et entretenir les installations de chauffage (comme les chaudières) et de production d’eau chaude, ainsi que les conduits de fumée (ramonage mécanique), par un professionnel qualifié.
  • Aérez au moins 10 minutes par jour votre logement, même s’il fait froid.
  • Maintenez vos systèmes de ventilation en bon état de fonctionnement et ne bouchez jamais les entrées et sorties d’air.

Pour les appareils mobiles

  • Respectez les consignes d’utilisation des appareils à combustion indiquées par le fabricant : employer seulement le combustible préconisé, ne jamais faire fonctionner les chauffages d’appoint en continu.
  • N’utilisez jamais les appareils de cuisson en tant qu’appareils de chauffage.
  • Les groupes électrogènes, les braseros et les barbecues ne doivent jamais être utilisés dans un espace clos (habitation, garage, sous-sol…) ni en extérieur près des portes, des fenêtres ou des bouches d’aération des logements.
  • En cas d’événements climatiques exceptionnels (inondations, tempêtes), les pompes de relevage, ou pompes à eau, à moteur thermique et les groupes électrogènes ne doivent jamais être utilisés en intérieur.

Source : Anses

Pour en savoir plus
Parmentier-Decrucq E, Mathieu D, et al. Intoxication au monoxyde de carbone.  Rev Prat 2019;69(1);75-9.
ARS Nord-Pas-de-Calais. Intoxication au monoxyde de carbone. Mai 2014.
ARS Hauts-de-France. Les dangers du monoxyde de carbone (CO) – dossier de presse. 7 décembre 2022.
Anses. Les intoxications au monoxyde de carbone peuvent concerner chacun de nous et avoir des conséquences dramatiques. Adopter les bons gestes réduit les risques. 14 novembre 2024.
Santé publique France. Monoxyde de carbone. 13 mai 2020.

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