La 21e édition des Journées nationales de médecine générale (JNMG) s’est ouverte avec une session consacrée à l’antibiorésistance, animée par Alban Dhanani (ANSM), Anne Berger-Carbonne (Santé publique France), Sandrine Randriamampianina (Santé publique France) et David Lebeaux (service d’infectiologie, hôpital Saint-Louis, AP-HP).

En 2019, 1,27 million de décès ont été attribués à l’antibiorésistance dans le monde ; six bactéries multirésistantes sont responsables de 75 % de ces décès. Si aucune mesure d’ampleur n’est prise, les projections annoncent 10 fois plus de mortalité pour 2050... Or il n’y a plus de dichotomie ville/hôpital : les germes résistants ne sont plus l’exclusivité des milieux hospitaliers : pour 3 % des patients avec infection urinaire en ville, le germe en cause est un Escherischia Coli résistant aux céphalosporines de 3e génération.

Dans ce contexte, le développement de nouvelles molécules pourrait être salvateur mais elles se font rares et plusieurs de celles actuellement disponibles tendent à disparaître (arrêt de commercialisation, tensions d’approvisionnement…). Pour que de nouveaux antibiotiques soient développés, un mode de financement pérenne de la recherche en la matière est nécessaire. Mais quel modèle économique peut-ilassumer de financer le développement de molécules que l’on appellera à prescrire le moins possible ?

Un des facteurs importants de résistance est la pression de sélection par mauvaise utilisation des antibiotiques. La France, mauvaise élève, est le 4e pays européen le plus consommateur d’antibiotiques. Si l’on notait une diminution de la consommation entre 2016 et 2020 (les confinements et les mesures barrière sont donc bien efficaces pour lutter contre ce fléau !), depuis 2021 elle repart à la hausse.

Pour aider les praticiens à prescrire à bon escient, des outils existent heureusement : recommandations HAS 2021, application « antibioclic », TDR et score de Mac Isaac pour l’angine… Mais si cela semble simple sur le papier ou sur un power-point, dans le cabinet – outre la légendaire pression des patients pour obtenir une prescription d’antibiotiques – le diagnostic clinique peut être compliqué : l’exemple de l’otite moyenne aiguë congestive à différencier de l’otite moyenne aiguë purulente est très parlant de ce point de vue (la session « otoscopie » animée par le Dr Florian Tabarino est en replay sur le site jnmg.org) !

Maîtriser l’antibiorésistance est finalement l’affaire de tous : il convient de sensibiliser le grand public à l’absence d’efficacité des antibiotiques dans les maladies virales les plus courantes et de continuer à soutenir les médecins dans la difficulté de leur exercice par le développement d’outils pratiques, par les formations initiale et continue, par la diffusion et l’actualisation des recommandations, par l’instauration de mesures permettant d’éviter l’automédication, etc.

Au-delà, l’antibiorésistance est une problématique universelle, véritable pandémie qui nécessite la mise en place d’actions coordonnées au carrefour de la santé humaine, de la santé animale et de l’environnement, s’inscrivant dans le concept de « santé unique » (« One Health »).

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