Les chercheurs ont utilisé des données de plus de 13 000 personnes issues de la cohorte américaine ARIC (« Atherosclerosis Risk in Communities »), suivies pendant près de 30 ans. Leurs résultats viennent d’être publiés dans le JAMA Cardiology .
Après exclusion des personnes ayant des antécédents de maladie CV, ils ont divisé les participants restants – d’âge moyen 54 ans, avec 56 % de femmes – en quatre groupes : ceux n’ayant ni HTA en position assise ni HTA en position couchée (N = 5 993) ; ceux ayant une HTA seulement en position assise (N = 1 113) ; ceux ayant une HTA seulement en position couchée (N = 1 175) et ceux ayant les deux (N = 3 088). Parmi les personnes n’ayant pas d’HTA en position assise, 16,4 % avaient une HTA en position couchée, alors que cette dernière concernait près de trois quarts des personnes ayant une HTA en position assise. Qu’elle soit en position assise ou couchée, l’HTA était définie par une PAS ≥ 130 mmHg ou une PAD ≥ 80 mmHg. Les mesures étaient prises au cabinet lors de la visite d’inclusion (pour la position assise, 3 mesures successives après un repos de 5 minutes ; pour la position couchée, jusqu’à 5 mesures successives après un repos de 20 minutes).
Les chercheurs ont ensuite comparé l’incidence de maladies cardiovasculaires (maladie coronaire, insuffisance cardiaque, AVC) et de décès (CV et toutes causes) entre ces groupes. Les résultats ont été ajustés pour des variables tels que l’âge, le sexe, l’IMC, le tabagisme, la fonction rénale, les taux de cholestérol ou le diabète.
L’analyse statistique a montré que, comparée à l’absence d’HTA en position couchée, la présence d’une HTA en position couchée entraînait des risques accrus de maladie CV et de mortalité : + 60 % pour la maladie coronaire, + 83 % pour l’insuffisance cardiaque, + 86 % pour l’AVC, + 218 % pour le décès d’origine CV et + 143 % pour le décès toutes causes confondues.
Ces sur-risques étaient observés – quoique à des degrés variables – quels que soient le statut de l’HTA en position assise (présente ou absente) et la prise (ou non) de traitements antihypertenseurs. Par exemple, les participants ayant une HTA en position couchée mais pas d’HTA en position assise avaient tout de même un risque 90 % plus important de décéder d’une cause CV par rapport à leurs homologues n’ayant aucune des deux ; chez ceux prenant des médicaments antihypertenseurs, ce sur-risque était de 78 %.
De plus, si les participants ayant seulement une HTA en position couchée avaient des risques globalement similaires à ceux ayant une HTA dans les deux positions, ces risques étaient significativement plus importants que ceux des personnes ayant une HTA seulement en position assise, pour tous les critères étudiés sauf le décès par maladie CV (+ 39 % pour la maladie coronaire et l’insuffisance cardiaque, + 52 % pour l’AVC et + 21 % pour la mortalité toutes causes).
Si ces résultats ne sont pas généralisables à des populations d’âge supérieur à 65 ans – non incluses dans cette étude –, ils suggèrent que l’HTA mesurée en position couchée pourrait devenir une meilleure cible diagnostique et thérapeutique que celle mesurée en position assise. Cependant, d’autres études, notamment avec des mesures effectuées en ambulatoire et réitérées, sont nécessaires pour confirmer ces données.