Ce lien avait été suggéré par plusieurs études précédemment, mais, pour la première fois, une analyse groupée des derniers résultats disponibles a permis de le quantifier. Une équipe de chercheurs en France et au Liban a effectué une revue de la littérature dite en « parapluie », permettant de synthétiser les résultats des méta-analyses précédentes sur le sujet. Leurs résultats sont parus dans la revue Brain Sciences .
Un sur-risque important mais très variable selon les études
L’étude a inclus 11 méta-analyses publiées entre 2003 et 2023, incluant elles-mêmes des études cas-témoin ou de cohorte rétrospectives et prospectives menées dans plusieurs pays du monde. Ces dernières évaluaient la relation entre la survenue de maladies cérébrovasculaires (accidents vasculaires cérébraux hémorragiques ou ischémiques, accidents ischémiques transitoires) et la présence d’une gingivite, une parodontite ou encore la perte de dents. Sept de ces méta-analyses ont été jugées de haute qualité et quatre de qualité modérée.
La majorité d’entre elles ont trouvé une corrélation significative entre la parodontite (mais non la gingivite, qui en est la forme débutante) et la survenue d’un AVC. Une association a aussi été retrouvée entre la perte des dents et l’AVC.
Les chercheurs ont ensuite groupé les résultats des articles originaux inclus dans ces méta-analyses et ont trouvé que :
- pour la parodontite, les données groupées des études cas-témoin pointaient vers une probabilité plus de 2 fois plus élevée de survenue d’AVC chez les patients ayant une parodontite par rapport à ceux n’en ayant pas (OR = 2,32 ; IC 95 % : 1,70 à 3,17 ; p < 0,00001), tandis que, selon les résultats groupés des études de cohorte rétrospectives, la parodontite était associée à une augmentation de 22 % du risque d’AVC (RR = 1,22 ; IC 95 % : 1,15 à 1,29 ; p < 0,00001) ;
- la perte des dents serait, quant à elle, associée à un risque plus de 30 % plus élevé d’avoir un AVC, selon les résultats groupés d’études rétrospectives (RR = 1,32 ; IC 95 % : 1,12 à 1,56, p = 0,0008).
Quels mécanismes
L’inflammation caractéristique de la parodontite serait le principal mécanisme qui pourrait expliquer ce sur-risque. D’une part, les cytokines produites lors de l’épisode de parodontite pourraient avoir, par la suite, un effet athérogène systémique. D’autre part, les bactéries présentes dans la cavité orale, responsables de la dysbiose qui conduit à la parodontite, pourraient aussi favoriser une inflammation plus répandue par leur éventuel passage dans la circulation sanguine.
Quant à la perte des dents, le mécanisme serait le même lorsqu’il s’agit d’une perte de dents secondaire à une parodontite, mais les auteurs expliquent qu’il pourrait aussi s’agir d’un effet en lien avec l’alimentation : par exemple, la perte de dents pourrait entraîner une diminution des apports alimentaires, notamment en fruits et légumes – qui ont un effet protecteur cardiovasculaire – ou, à l’inverse, elle pourrait être liée à une alimentation trop riche en sucres, qui non seulement engendre des caries (conduisant à la perte dentaire), mais aussi augmente le risque de diabète, lui-même un facteur de risque cardiovasculaire.