L’insomnie touche 15 à 20 % des Français, dont 9 % ont une forme sévère qui impacte fortement la vie quotidienne.2 Les mécanismes de cette pathologie complexe, neurobiologique et psychologique, restent à identifier. L’étude a évalué l’efficacité de deux approches de privation de sommeil (intensive sleep retraining) pour traiter l’insomnie chronique chez des patients qui ne répondaient pas à la thérapie cognitivocomportementale (TCC), considérée plus efficace que les traitements pharmacologiques (ex : hypnotiques et apparentés).2 Le critère de jugement principal était l’indice de sévérité de l’insomnie (ISI) ; les critères secondaires : le sommeil, la fatigue, l’anxiété et les symptômes dépressifs.
Un essai clinique randomisé a été mené sur 34 adultes souffrant de difficultés à l’endormissement depuis 10 ans en moyenne, sans comorbidités psychiatriques. Trois groupes ont été constitués de manière aléatoire :
- le 1er groupe (N = 12) a été traité par privation de sommeil continue (pendant 38,5 h en laboratoire) ;
- le 2e (N = 12), après une privation de sommeil de 17,5 h, a été soumis pendant 21 h à 42 tentatives d’endormissement interrompues après 2 à 4 minutes ;
- le 3e groupe (témoin) ne recevait aucune intervention (N = 10).
Après un suivi de 3 mois, une diminution significative de la sévérité de l’insomnie (baisse d’au moins 8 points de l’ISI) et de la fatigue a été observée chez 25 % des patients du 1er groupe et 33 % de ceux du second. Résoudre les insomnies liées à un conditionnement psychologique et améliorer l’homéostasie du sommeil semblent être des facteurs clés de l’efficacité de l’intensive sleep retraining.
Bien que la taille réduite de l’échantillon étudié ne permette pas de tirer de conclusions sur l’efficacité clinique de cette approche, ces résultats préliminaires contribuent à une meilleure compréhension des mécanismes de cette thérapie de restriction du sommeil. Des études complémentaires à plus long terme considérant les phases d’éveil et de sommeil, le rythme circadien et les processus cognitifs et comportementaux sont nécessaires.3
2. Inserm. Insomnie : un trouble neurobiologique et psychlogique. 2 juillet 2024.
3. Kyle SD, Gordon CJ. The noninferiority complex: abrupt versus gradual restriction of time in bed for insomnia disorder. Sleep 2025;48(8):zsaf135.