La théorie évo-dévo (pour evolutionary developmental biology) émet l’hypothèse d’une relation entre l’évolution des espèces animales et le développement embryonnaire chez l’homme. Le nez est ainsi non pas un organe unique mais composé d’un nez olfactif (ethmoïde) dérivé des placodes olfactives, d’un nez respiratoire dérivé des os du palais secondaire (cornets inférieurs, plancher nasal et septum) et d’un nez sinusien (par dégénérescence cavitaire de la moelle érythropoïétique au niveaux frontal, maxillaire et sphénoïdal après installation de la respiration aérienne à la naissance). La recherche étiologique du dysfonctionnement nasal chronique aux symptômes peu spécifiques s’éclaire. Elle est fondée chronologiquement sur l’interrogatoire (mesure de la qualité de vie par l’autoquestionnaire DyNaChron), le scanner puis la nasofibroscopie sans anesthésique ou vasoconstricteurs locaux.L’hypo- ou l’anosmie oriente vers le nez olfactif. Une opacité multifocale ou diffuse des masses latérales de l’ethmoïde au scanner évoque une polypose nasale affirmée par l’endoscopie à la vue des polypes du toit des cavités nasales et des méats supérieurs et moyens. La polypose nasale est une maladie de la muqueuse olfactive vestigiale de l’ethmoïde, subissant une réaction inflammatoire chronique auto-immune. La nasalisation assure une exérèse de cette muqueuse plus complète que l’ethmoïdectomie fonctionnelle endoscopique, qui n’élimine que les polypes avec aération et drainage des cavités aériques.L’obstruction nasale oriente vers le nez respiratoire. Une déformation de la cloison nasale et des cornets inférieurs sans opacité ethmoïdale ou sinusienne est recherchée au scanner, visualisée à la nasofibroscopie et corrigée. En l’absence de déformation, l’endoscopie recherche des lésions oedémateuses avec hypertrophie muqueuse (parfois visible au scanner), un dysfonctionnement vasomoteur des cornets inférieurs, du plancher nasal et du septum où cheminent les courants respiratoires principaux et les allergènes aériens responsables des réactions inflammatoires et de la rhinite respiratoire chronique, pouvant indiquer une turbinectomie inférieure et une septoplastie par désarticulation.Les sinusites chroniques s’accompagnent d’opacités des sinus paranasaux ne concernant pas l’ethmoïde. Les sinus maxillaires, frontaux et sphénoïdaux produisent du monoxyde d’azote (NO) par une enzyme présente seulement dans la muqueuse sinusienne. Le NO, libéré en bolus par la fonction sphinctérienne des ostiums sinusiens, a une puissante activité anti-infectieuse et réalise un messager aérien augmentant l’oxygénation au niveau de la membrane alvéolocapillaire. Cette muqueuse et les ostiums sinusaux doivent être préservés.
Roger Jankowski, professeur émérite, faculté de médecine de Nancy, laboratoire DevAH, campus Brabois-Santé, Vandoeuvre-lès-Nancy, France
30 septembre 2025