Depuis une vingtaine d’années, les articles consacrés à l’« après-cancer » se succèdent, semblables dans leurs conclusions : s’occuper des personnes traitées pour cancer est désormais fondamental, les aider à franchir cette phase de transition est unanimement reconnu comme une mission de santé publique. En 2011, ce temps était défini comme celui de « l’accompagnement vers une normalisation personnalisée », évoquant le continuum développé dans le Plan cancer II et illustré, quelques années après, lors de la publication du Plan cancer III, par les notions de parcours et coordinations transversales.1
Si le terme « survivors », traduit littéralement par « rescapés ou survivants », peut choquer, il représente une évolution lexicale, promue par le National Coalition for Cancer Survivorship (NCCS) à la suite des démarches initiées en 1985 amenant à remplacer le mot précédemment utilisé de « victim » par « survivor ».2, 3 Quel que soit le terme utilisé, l’après-traitement fait actuellement partie intégrante de la prise en charge et mérite toutes les attentions.
En 2005, un éditorial du Journal of Clinical Oncology introduisait le changement de paradigme des années à venir : depuis 25 ans, le cancer, maladie autrefois fatale, était devenu un mal dont on survivait longtemps, pour ne pas dire dont on guérissait, nécessitant une véritable prise de conscience de tous, quel que soit le mode d’exercice.4
En 2010, l’International Journal of Psychiatry in ­Medicine publiait un article titré « It’s not over when it’s over! ».5
Autrement dit, tenant compte de l’augmentation du nombre de cancers et de l’efficacité des traitements sur des tumeurs diagnostiquées plus tôt, l’enjeu des années à venir ne sera pas tant de soigner au mieux les cancers que de suivre les patients qui en ont été atteints. Il faudra s’attacher à leur qualité de vie tout en ne sous-estimant pas le risque de mourir d’autres maladies, souvent liées au mode de vie et à l’environnement (sédentarité, sur-poids, tabac, alcool...). Le fait d’avoir eu un cancer n’en diminue pas l’éventualité, mais peut la faire oublier, en l’absence de mutualisation de suivi.

L’après-cancer : une définition en fonction de chacun…

Pour le patient ou la patiente

Pour l’entourage ou le milieu professionnel de la patiente

Et les professionnels de santé ?

Spécificités de l’après-cancer du sein : quelques pistes

Quelle surveillance ?

Surveillance médicale et radiologique

Examen clinique

Imagerie

Principaux effets indésirables

Fatigue

Prise de poids

Troubles de la concentration

Signes liés aux traitements antihormonaux

Patientes sans traitement ultérieur

Patientes jeunes sous traitement par tamoxifène

Patientes ménopausées au diagnostic sous traitement par inhibiteurs de l’aromatase

Toutes les autres raisons de consulter…

Communication et travail en équipe, coopération et convergence

un parcours à optimiser

Encadre

« Qui surveille quoi et comment ? »

Résumé

La période qui commence avec la fin des traitements initiaux du cancer du sein (en règle générale à la fin de la radiothérapie), dite « après-cancer », correspond à la notion anglo-saxonne de survivorship.Compte tenu des taux d’incidence du cancer du sein toujours en hausse et de son pronostic très favorable, de nouveaux enjeux apparaissent, concernant à la fois les patientes et leur entourage, les médecins toutes spécialités confondues et le personnel paramédical. De cette prise de conscience ressort la notion que le temps de l’après fait partie intégrante du parcours du patient. Cela nécessite une optimisation dans la communication et une mutualisation des savoirs afin de définir les rôles de chacun en complémentarité. Les médecins traitants doivent connaître les difficultés rencontrées par leurs patientes, liées ou non aux traitements passés ou actuels de leur cancer, ainsi que la conduite à adopter face aux demandes des femmes traitées pour cancer du sein. Un partage élaboré dès le début du suivi, et concrétisé par la remise d’un document personnalisé lors d’une consultation identifiée par tous comme de « fin de traitement », peut être une piste à optimiser. Il faut pour cela une volonté de tous, intervenants médicaux et paramédicaux, et patientes, de prioriser les attentes et besoins des uns et des autres, en complémentarité et transparence. Tel est l’enjeu des années à venir.