Noir ou au lait, le chocolat est une douceur qui fait (presque) l’unanimité. Mais quel est l’effet de sa consommation régulière sur la santé ? Si plusieurs études ont retrouvé une association inverse entre consommation de chocolat et maladies cardiovasculaires, y a-t-il un effet sur la mortalité, notamment des femmes ?

Plusieurs études ont suggéré les bénéfices d’une consommation régulière modérée de chocolat. Cette dernière serait un facteur protecteur de maladie coronaire. Les flavonoïdes contenus dans le cacao semblent améliorer la fonction endothéliale, contribuant à baisser la pression artérielle. Le chocolat noir a été également associé à une réduction significative du risque de diabète de type 2. Cependant, les études sur la mortalité font défaut.

Une équipe internationale de chercheurs en médecine préventive et épidémiologie s’est basée sur l’analyse de la consommation de chocolat enregistrée à l’inclusion (et faisant partie d’un large questionnaire alimentaire) dans une grande étude de cohorte prospective nationale américaine : l’étude WHI (Women’s Health Initiative). Entre 1993 et 1998, cette dernière a recruté 120 191 femmes ménopausées de 50 à 79 ans, dans 40 centres cliniques des États-Unis.

Pour leur analyse, les auteurs ont exclu de cette cohorte les femmes n’ayant pas répondu au questionnaire alimentaire à l’inclusion, ainsi que celles ayant un antécédent de cancer ou de maladie cardiovasculaire. La cohorte finalement analysée dans cette étude comportait 84 709 femmes, suivies pendant 19 ans en moyenne (écart-type = 4,2 ans). 

La consommation de chocolat a été évaluée par une seule des 145 questions de nutrition posées à ces femmes à leur inclusion dans l’étude WHI. Cette question demandait aux participantes d’évaluer la fréquence à laquelle elles avaient mangé ces trois derniers mois une portion moyenne – définie comme une portion de 28,4 g – de chocolat sous forme de bonbons au chocolat ou barres chocolatées (« chocolate candy and candy bars »).

Les chercheurs en ont déduit une consommation moyenne en portions par semaine, répartissant les femmes selon leur consommation : nulle ; < 1 portion/semaine ; 1 à 3 portions/semaine ; 4 à 6 portions/semaine ; ≥ 1 portion/jour. Ils ont ensuite évalué l’association de cette consommation avec la mortalité toutes causes confondues et les mortalités dues au cancer, à la démence et aux maladies cardiovasculaires par des analyses statistiques éliminant les principaux facteurs confondants (âge à l’inclusion, ethnie, niveau d’éducation, revenu annuel, statut socioéconomique, IMC, facteurs de style de vie comme le tabagisme, la consommation d’alcool et la pratique sportive, etc.).

Les résultats sont parus fin 2022 dans le Journal of the Academy of Nutrition and Dietetics . Durant le suivi moyen de 19 ans, 25 388 décès ont eu lieu. Après ajustement des facteurs confondants, en comparaison à l’absence de consommation de chocolat, le hazard ratio (HR) était légèrement inférieur (entre 0,90 et 0,95) pour la mortalité toutes causes confondues chez les consommatrices de chocolat (sauf dans la catégorie 4 à 6 portions/semaine). Pourla mortalité cardiovasculaire, la significativité était atteinte uniquement pour les femmes consommant 1 à 3 portions/semaine ; pour la mortalité liée à la démence, les femmes consommant < 1 à 3 portions/semaine étaient légèrement moins touchées. Il n’y avait pas d’association significative entre consommation de chocolat et mortalité liée au cancer.

Les auteurs en déduisent que ces résultats suggèrent une modeste association négative entre consommation de chocolat et mortalité toutes causes confondues, liée à la démence et liée aux maladies cardiovasculaires, surtout lors de la consommation modérée de chocolat (28,4 à 85,2 g/semaine).

Toutefois, cette étude souffre d’importantes limitations. Premièrement, la désignation « bonbons au chocolat et barres chocolatées » ne recouvre pas forcément toutes les sources de chocolat ingérées par les participantes. La consommation de chocolat n’a été évaluée qu’à l’inclusion, sur autodéclaration, sans évolution suivie dans le temps et sans distinction entre types de chocolat (blanc, au lait, ou noir), pourtant connus pour avoir des profils nutritionnels différents. Notons par exemple que dans l’étude sur la diminution du risque de diabète de type 2, seulement le chocolat noir a montré un intérêt (et non le chocolat au lait).

Enfin, l’étude ne concerne que des femmes ménopausées américaines : elle ne s’applique peut-être pas à d’autres groupes démographiques.

Pour en savoir plus
Sun Y, Liu B, Snetselaar LG, et al. Chocolate consumption in relation to all-cause and cause-specific mortality in women: the women’s health initiative.  J Acad Nutr Diet 2023;123(6):902-11.

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