Les termes utilisés pour désigner la déficience intellectuelle ont beaucoup évolué au cours du temps : idiotie, handicap mental, retard mental… Actuellement, la littérature scientifique parle de trouble du développement intellectuel, dont les critères diagnostiques dans le DSM- 5 sont les suivants :

  • quotient intellectuel (QI) inférieur à la moyenne de la population générale d’environ deux écarts types, soit inférieur à 70 ;
  • performance du comportement adaptatif approximativement à deux écarts types sous la moyenne de la population générale ;
  • apparition des déficits intellectuels et adaptatifs au cours de la période développementale, soit avant l’âge de 18 ans.

Affection fréquente avec des problématiques sanitaires spécifiques

Spécificités de la consultation

  • le patient a souvent besoin d’un tiers pour s’exprimer : c’est son aidant. Il y a donc un intermédiaire entre le patient et le médecin, avec une part d’interprétation dans les explications ;
  • l’autonomie du patient est à respecter, sans chercher à l’aider pour ce dont il n’a pas besoin. Pour autant, le médecin doit avoir conscience et connaissance des capacités parfois limitées du patient ;
  • la situation médicale du patient est en général complexe (polypathologie, polymédication, suivis spécialisés), mais les médecins traitants rapportent disposer souvent de peu d’informations précises concernant la cause de la déficience et le suivi à réaliser. Il existe une vraie difficulté de coordination entre les professionnels ;
  • souvent, ces patients connaissent mal les messages de prévention (tabac, alcool, dépistages), sujets pourtant peu ou pas abordés en consultation.
 
  • l’expression des symptômes peut être limitée par les capacités langagières, ou être inhabituelle ;
  • l’évaluation de la douleur est complexe (les échelles numériques usuelles sont peu adaptées au patient déficient intellectuel) ;
  • certains ont des troubles du comportement. Ils peuvent être l’expression de symptômes ou d’une douleur, à rechercher attentivement. Ils peuvent modifier la place du patient en consultation, qui peut alors devenir spectateur de ce qui se passe, ou avoir des difficultés à accepter la prise en charge ;
  • le patient peut avoir une difficulté à communiquer, à comprendre ou à se faire comprendre.
 
  • l’attention au patient nécessite d’être intensifiée ;
  • l’examen clinique peut être limité si le patient n’est pas en mesure d’être déshabillé ou le refuse ; à l’inverse, il peut être plus approfondi s’il s’agit du seul moyen d’explorer une plainte chez un patient non verbal, par exemple. La prescription d’examens complémentaires peut être plus fréquente du fait des limites de l’interrogatoire et de la clinique ou, au contraire, diminuée, pour le confort des patients ;
  • la communication s’ajuste en utilisant des termes plus simples. Les notions complexes de consentement et de secret sont néanmoins intégrées à la discussion ;
  • la temporalité des consultations est modifiée, avec des consultations plus longues ou plus fréquentes.

Vécu des médecins

Leviers pour améliorer la prise en charge

S’informer

Coordonner le parcours de soin 

Se former

1. Inserm. Déficiences intellectuelles. Collection Expertise collective. Montrouge : EDP Sciences, 2016.
2. Coppus AMW. People with intellectual disability: What do we know about adulthood and life expectancy ? Dev Disabil Res 2013;18:6-16.
3. Belorgey JM. Rapport de la commission. Audition publique « Accès aux soins des personnes en situation de handicap ». Paris, 22-23 octobre 2008. HAS, 2009.
4. Aulagnier M, Gourheux JC, Paraponaris A, et al. General practitioners’ health care for disabled patients: A survey among a panel of general practitioners in Southeastern France, in 2002. Ann Readapt Med Phys 2004;47(3):98-104.
5. Martin-Agudelo L. Détecter un trouble du neurodéveloppement avant 7 ans : des fiches pratiques pour le MG. Rev Prat (en ligne), avril 2024.
essentiel

Les patients avec déficience intellectuelle ont des besoins spécifiques liés à leur handicap ; c’est une population polypathologique qui vieillit.

Développer des supports d’aide à la consultation et une meilleure articulation ville-hôpital peut aider à une meilleure prise en charge, dans une démarche holistique autour du patient.

Il existe de nombreux leviers d’action, applicables à échelles individuelle et collective.