Outre les mesures non pharmacologiques (perte pondérale, kinésithérapie, exercices physiques, orthèses), le traitement de la gonarthrose est symptomatique, par des AINS et du paracétamol notamment. Mais l’efficacité de ces antalgiques étant variable, d’autres options sont explorées.
Le méthotrexate, molécule indiquée dans les arthrites inflammatoires, pourrait être une alternative intéressante, selon certaines études expérimentales et des petits essais cliniques. Pour vérifier cette hypothèse, des chercheurs britanniques ont conduit un essai multicentrique, randomisé et contrôlé contre placebo en double aveugle, dont les résultats ont été publiés dans la revue Annals of Internal Medicine .
Ils ont comparé l’efficacité de méthotrexate oral à celle du placebo, en complément de l’antalgie usuelle, sur la gonalgie à 6 mois (critère principal) et sur la raideur et la fonction (critères secondaires). La réponse à long terme et les effets indésirables étaient évalués par un suivi à 12 mois.
Les participants (N = 155) étaient âgés en moyenne de 61 ans et 64 % étaient des femmes. Ils avaient un diagnostic de gonarthrose primaire sévère (grades 3 à 4 sur l’échelle Kellgren-Lawrence), avec une douleur modérée à sévère présente la plupart des jours sur les 3 mois précédents (≥ 4/10 sur une échelle numérique) répondant insuffisamment à l’antalgie usuelle. Les critères d’exclusion comprenaient : la présence d’une arthrite inflammatoire ou d’une fibromyalgie, l’utilisation d’injections intra-articulaire d’acide hyaluronique au cours des 4 mois précédents ou d’une corticothérapie au cours des 3 mois précédents.
Les patients recevaient, en plus de leurs traitements antalgiques usuels, soit un placebo (N = 78), soit du méthotrexate une fois par semaine en augmentant progressivement la dose sur 6 semaines, de 10 à 25 mg/semaine (N = 77). Dans les deux groupes, la moitié des patients prenaient un AINS oral ; 44 % prenaient du paracétamol dans le groupe méthotrexate et 55 % dans le groupe placebo, et respectivement 27 % et 31 % prenaient du paracétamol codéiné. Le profil de tolérance semblait équivalent dans les 2 groupes.
À l’inclusion, le niveau moyen de douleur était de 6,4/10 dans le groupe méthotrexate et 6,8/10 dans le placebo. À 6 mois, ces chiffres étaient respectivement de 5,1 et 6,2. La réduction de la douleur était donc plus importante pour le groupe traité, de 0,79 point en moyenne (IC95 % : 0,08 - 1,51 ; p = 0,030), ce qui est considéré comme statistiquement significatif. Des différences significatives en faveur du méthotrexate ont aussi été constatées sur les échelles mesurant la raideur (0,60 point ; IC95 % : 0,01 - 1,18 ; p = 0,045) et la fonction (5,01 points ; IC95 % : 1,29 - 8,74 ; P = 0,008).
En revanche, le bénéfice n’était pas maintenu à 12 mois, ce qui pourrait être dû en partie, selon les auteurs, à une diminution des doses moyennes au cours du suivi. Ces dernières sont en effet passées de 22 mg/semaine (à 3 mois) à 20,2 mg/semaine (à 6 mois) puis 16,9 mg/semaine (à 12 mois). Par ailleurs, si 86 % des patients ont complété le suivi à 6 mois, seulement 78 % ont continué le traitement jusqu’à 12 mois. Si les auteurs indiquent que la tolérance semblait équivalente entre les 2 groupes (évaluée sur la base d’auto-déclarations), cette mauvaise observance pourrait être due à l’apparition d’effets indésirables dans le groupe méthotrexate.
Ces résultats suggèrent que, en complément aux traitements antalgiques standard, le méthotrexate oral pourrait diminuer la douleur liée à la gonarthrose et améliorer la rigidité et la fonction du genou à 6 mois. Néanmoins, des travaux supplémentaires sont nécessaires pour établir la dose adéquate et affiner le profil des patients qui sont susceptibles d’en bénéficier le plus.
À lire aussi :
Nobile C. Entretien avec le Pr Jérémie Sellam. Médicaments dans la gonarthrose : de nouvelles recos. Rev Prat (en ligne) 16 février 2021.
