Pour la première fois, dans un essai randomisé international paru dans le Lancet, cet agoniste des récepteurs du GLP- 1 a montré des bénéfices significatifs sur la marche des patients atteints d’AOMI symptomatique.

Touchant environ 2 % des personnes de plus de 55 ans en France – mais jusqu’à 40 % après 80 ans, l’artériopathie oblitérante des membres inférieurs (AOMI) est une des complications de la maladie athéromateuse, mais aussi du diabète. Même au stade asymptomatique, cette obstruction athéromateuse partielle ou totale des artères des membres inférieurs est associée à un très haut risque cardiovasculaire et à des complications locales parfois graves, allant jusqu’à l’amputation.

Au stade symptomatique initial (ischémie d’effort), elle se traduit par une claudication intermittente et des douleurs à la marche, entraînant un déclin fonctionnel. En l’absence de prise en charge, elle peut évoluer vers l’ischémie permanente chronique avec des douleurs de repos et des lésions tissulaires.

Aujourd’hui, l’activité physique adaptée est le pilier de la prise en charge de l’AOMI – conjuguée à des modification de l’hygiène de vie, comme le sevrage tabagique –, mais d’autres traitements pourraient-ils venir en appui pour enrayer le déclin fonctionnel et l’évolution défavorable ?

Un groupe international de chercheurs a émis l’hypothèse que le sémaglutide, grâce à ses effets métaboliques mais aussi anti-inflammatoires, pourrait avoir une efficacité dans cette indication. Pour tester l’hypothèse, ils ont conduit un essai randomisé en double insu, contrôlé par placebo, dans plus de 100 centres de soins primaires en Europe, Amérique du Nord et Asie.

Le sémaglutide augmente la capacité de marche sans douleur d’environ 30 mètres

Entre 2020 et 2024, ils ont recruté 792 patients (âge médian : 68 ans ; 75 % d’hommes). Les participants avaient un diabète de type 2 et une AOMI symptomatique avec claudication intermittente (stade IIa de la classification de Fontaine, capables de marcher plus de 200 m). Ils ont été aléatoirement assignés à parts égales pour recevoir, pendant 52 semaines, soit du sémaglutide (1 mg/semaine en injection SC), soit un placebo.

L’évolution de la capacité de marche à la fin du traitement (rapport entre la capacité maximale de marche observée à l’inclusion celle observée à la semaine 52) était le critère de jugement principal. Cette capacité était significativement supérieure dans le groupe « sémaglutide » : la distance médiane marchée a augmenté de 21 % par rapport à l’inclusion dans ce groupe (1,21 [écart interquartile : 0,95 - 1,55]), tandis qu’elle a augmenté de 8 % dans le groupe placebo (1,08 [0,86 - 1,36]). En termes absolus, cela se traduisait par une hausse de la distance médiane parcourue de 26,4 mètres de plus dans le groupe sémaglutide par rapport au placebo.

Des effets indésirables gastro-intestinaux ont été fréquemment rapportés dans le groupe traité (20 % des participants, contre 6 % dans le bras placebo), notamment la nausée. Les effets indésirables graves dont le lien avec le traitement a été jugé probable ou possible ont concerné 1 % des participants dans le bras sémaglutide et 2 % dans le placebo (respectivement : 6 événements chez 5 personnes et 9 événements chez 6 personnes) ; il s’agissait majoritairement aussi d’effets gastro-intestinaux.

D’après ces résultats, le sémaglutide peut entraîner une amélioration fonctionnelle significative chez les patients diabétiques ayant une AOMI. Puisque que la perte de poids dans le groupe sémaglutide était modeste (4 kg en moyenne), les auteurs suggèrent que cette amélioration n’est pas seulement liée à la perte pondérale induite par le médicament, mais que celui-ci pourrait bien avoir un bénéfice vasculaire direct.

D’autres recherches sont encore nécessaires pour savoir si le sémaglutide est également efficace à long terme pour réduire les conséquences graves de l’AOMI telles que l’amputation, ainsi que chez des patients non diabétiques.

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