D’après une étude parue dans Nature, des données expérimentales et cliniques indiquent que la sensibilité des tumeurs mammaires à la chimiothérapie néoadjuvante varie selon la phase menstruelle de la patiente.

La réponse du cancer du sein à la chimiothérapie néoadjuvante (CN) – c’est-à-dire la chimiothérapie menée en amont du traitement principal, chirurgical ou radiothérapeutique – varie de manière substantielle entre patientes. Cette variabilité persiste même en personnalisant le traitement, et même en comparant les réponses de tumeurs appartenant aux mêmes sous-types histologiques et moléculaires. Des études de cohorte ont suggéré que le cycle menstruel, par les altérations cellulaires et moléculaires qu’il provoque, pouvait être un facteur majeur affectant la sensibilité des tumeurs mammaires à la CN.

Pour éclaircir ce mécanisme, des chercheurs néerlandais ont étudié l’équivalent du cycle menstruel, appelé cycle œstral, chez des modèles de cancer du sein chez la souris. Ils ont montré que des réponses diminuées à la CN étaient observées lorsque le traitement était initié pendant la période postérieure à l’ovulation (appelée diœstrus chez la souris, équivalent de la phase lutéale des femmes), marquée par un taux de progestérone élevé, en comparaison à un traitement initié pendant l’œstrus (précédent de peu l’ovulation chez la souris). Les chercheurs expliquent ces observations par le fait que le diœstrus entraîne des changements cellulaires liés à la chimiorésistance (comme la transition épithélio-mésenchymateuse), ainsi qu’une diminution du diamètre des vaisseaux tumoraux, réduisant mécaniquement leur accessibilité.

Ces observations peuvent-elles être transposées chez l’être humain ? Pour répondre à cette question, les chercheurs ont mené une étude à partir de deux cohortes pilotes rétrospectives de patientes néerlandaises. La première comportait 17 patientes en préménopause ayant initié une CN en phase folliculaire (faible taux de progestérone) et 13 patientes ayant initié la CN en phase lutéale (au pic de progestérone). Ainsi, les chercheurs ont trouvé une fréquence plus élevée de progression de la maladie chez les patientes ayant initié la CN au pic de progestérone, plutôt qu’à la phase folliculaire. Les réponses au traitement (partielles et complètes) étaient aussi plus fréquentes quand ce dernier était initié lorsque le taux de progestérone était faible. Les résultats étaient similaires dans la deuxième cohorte, incluant 25 femmes préménopausées ayant un cancer du sein triple négatif.

Pour les auteurs, ces résultats, parus dans Nature, appellent à mener des essais cliniques prospectifs pour déterminer comment la phase du cycle menstruel affecte l’efficacité de la CN dans le cancer du sein (et potentiellement dans d’autres cancers), afin d’optimiser le traitement.

Pour en savoir plus
Bornes L, van Winden LJ, Geurts VCM, et al. The oestrous cycle stage affects mammary tumour sensitivity to chemotherapy.  Nature 4 décembre 2024.

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