Mathéo, un militaire de 23 ans, est déployé en Guyane française sur le camp de Maripasoula. Il s’agit de son premier déploiement et il est revenu récemment de sa première mission dans la jungle. Depuis cette sortie, il note une lésion de piqûre de moustique sur la cuisse qui ne guérit pas. Après nettoyage, la plaie apparaît peu profonde, indolore, avec des bords surélevés légèrement inflammatoires et d’aspect ulcéré (fig. 1). Le diagnostic de leishmaniose cutanée est suspecté. Pour le confirmer, les méthodes disponibles à l’antenne médicale de Cayenne sont le frottis et l’écouvillonnage, permettant d’obtenir la confirmation diagnostique mais surtout la confirmation de l’espèce en trois à six semaines. Il s’agissait de Leishmania guyanensis. Une antibiothérapie a été prescrite (iséthionate de pentamidine à la dose de 4 mg/kg, par voie intraveineuse lente, en trois injections un jour sur deux), ainsi que des soins locaux poursuivis les jours suivants, avec une nette amélioration (fig. 2).

La leishmaniose est une maladie parasitaire transmise par la piqûre de phlébotome femelle infestée. Chaque année, entre 0,7 et 1 million de cas sont diagnostiqués. Il en existe trois formes principales : la forme viscérale, la forme cutanée (localisée ou diffuse) et la forme cutanéomuqueuse. En Guyane française, les principales souches sont Leishmania guyanensis et Leishmania braziliensis, à l’origine de formes cutanées et cutanéomuqueuses, cette dernière étant spécifique du continent américain. La déforestation et/ou les conditions climatiques, telle que la saison des pluies, sont autant de facteurs majorant le risque de transmission.

La prise en charge est différente selon l’espèce. En l’occurence, pour L. guyanensis, le traitement de première intention présent à l’antenne médicale de Cayenne était l’iséthionate de pentamide.

Une surveillance biologique est nécessaire avant et après les injections du fait du risque de toxicité rénale et hépatique : hémogramme, ionogramme sanguin, urémie, créatininémie, bilan hépatique, lipasémie, CPK, calcémie, taux de prothrombine/temps de céphaline activateur (TP/TCA).

Bien que peu grave si le traitement est débuté rapidement, cette pathologie entraîne une inaptitude aux activités militaires d’une durée d’environ un mois. 

Pour en savoir plus 
Organisation mondiale de la santé. Leishmaniose. 8 janvier 2022.
https://bit.ly/3EzWKsi 
Aubry P, Gaüzère BA. Médecine tropicale - Leishmanioses. Actualités 2024.
ePOPI. Parasitoses cutanées - Infections. https://www.epopi.fr 

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