Les pollens d’ambroisie en expansion préoccupante

De la famille des Composées – au même titre que l’absinthe, l’armoise ou le tournesol –, les ambroisies en France sont pour la plupart identiques à celles retrouvées aux États-Unis. Ambrosia artemisiifolia (ambroisie à feuilles d’Armoise), originaire d’Amérique du Nord, a été importée en Europe dès 1863. C’est l’espèce la plus souvent impliquée dans les réactions allergiques, suivie de l’ambroisie à épis lisses (Ambrosia psilostachya DC.) et l’ambroisie trifide (Ambrosia trifida), qui sont considérées comme « une menace pour la santé humaine » (décret n° 2017 - 645 du 26 avril). Seule Ambrosia maritima a une origine française.

Depuis 1970, la profusion de l’ambroisie à fleurs d’armoise et son implication dans le déclenchement de crises d’asthme, de rhinite et de conjonctivite en période de pollinisation (de fin juillet à fin septembre) ne cessent de croître. Le potentiel allergisant de ces plantes invasives les classe dans la catégorie des polluants biologiques. Quelques grains de pollens par mètre cube suffisent à déclencher, chez les sujets sensibles, des symptômes. Leurs lieux géographiques de prédilection s’étendent autour de la région lyonnaise, le bassin rhodanien et le pourtour méditerranéen. Cependant, la surface de pollinisation augmente au fil des années, avec une dissémination saisonnière vers d’autres régions comme le Grand-Est ou l’Ouest, la Nouvelle-Aquitaine, l’Île-de-France, la Bretagne, l’Occitanie, les Pays de Loire (https ://ambroisie-risque.info/ou-se-trouve-lambroisie-en-france/).

Douze allergènes sont identifiés, de Amb 1 à Amb 12. Amb 8 est à l’origine d’allergies croisées avec les allergènes Bet v2 du bouleau, Phl p12 de la graminée phléole et Art V4 de l’armoise. Amb 6 (LTP) explique l’allergie alimentaire croisée ambroisie-melon-banane. D’autres allergies croisées avec l’aubergine et le concombre sont décrits.

L’ambroisie à épi lisse (Ambrosia psilostachya ) fleurit plus précocement, dès juin dans les zones de friches. Un travail de 2014 commun entre l’Anses, l’Observatoire de l’ambroisie et le RNSA évoque son pouvoir allergisant potentiel. Seul l’allergène Amb p5 est identifié.

L’ambroisie trifide (Ambrosia trifida L. ), moins connue, a 4 allergènes répertoriés : Amb t5, Amb t8, Amb t13 et Amb t18.

Outre la recherche de symptômes cliniques saisonniers et très invalidants, le bilan repose sur des tests allergologiques en prick et les dosages des IgE spécifiques. Leur positivité doit toujours être confrontée à la clinique pour différencier la sensibilisation de l’allergie avérée :

• IgE anti ambriosie à fleurs d’armoise (code w1)
• IgE anti ambriosie à épi (code w2)
• IgE anti ambrosia trifide (code w3)
• IgE anti n Amb 1 (code w230).

Un traitement symptomatique doit être instauré dès que possible, accompagné des mesures classiques de prévention.

Une immunothérapie allergénique par voie sublinguale à l’ambroisie à fleurs d’armoise peut être mise en place dès l’année suivante selon le résultat du bilan allergologique.

Une application utile : signalement-ambroisie, à télécharger sur smartphone (www.signalement-ambroisie.fr ; contact@signalement-ambroisie.fr ; 0 972 376 888).

Parallèlement à la prise en charge individuelle, une lutte active contre la prolifération de l’ambroisie est impérative.

Un atout intéressant serait un coléoptère appelé Ophraella communa  : introduit accidentellement en Europe depuis 2013, c’est un prédateur de l’ambroisie se nourrissant de ses feuilles et fleurs. Il semble que sa présence en Chine depuis 2001 soit corrélée à la diminution de la pollinisation de l’ambroisie. Selon une équipe de chercheurs américains, cet insecte serait une solution à la prolifération de l’ambroisie tout en ayant peu d’effets nuisibles sur les cultures environnantes de tournesol. En octobre 2023, plusieurs colonies de ce coléoptère ont été identifiées dans la région lyonnaise. Si vous en observez, contactez ambroisie-risque@fredon-france.fr avec une photo de l’insecte.