Publiées début avril et ayant déjà fait l’objet d’une actualisation fin avril, les « réponses rapides » de la Haute Autorité de santé (HAS) ont de nouveau été mises à jour, prenant en compte les conditions propres à la levée du confinement.

 

Le suivi des femmes enceintes ou ayant accouché doit être adapté à l’évolution locale de l’épidémie, à l’accès aux ressources sanitaires et à la demande de la mère ou du couple. La levée du confinement doit donc être pensée au cas par cas et faire l’objet d’une décision partagée entre les patientes et le professionnel ou l’équipe qui suit la grossesse, en tenant compte des facteurs épidémiologiques, des facteurs médicaux de la femme, de ses conditions de vie et de travail avec le service de médecine du travail, et du retentissement du confinement sur son état de santé. La HAS rappelle ainsi qu’une attention particulière doit être portée à la sécurité psychologique et émotionnelle de la femme, avec, si besoin est, des consultations en présentiel pour lui apporter du soutien.

Le recours à la téléconsultation doit continuer à être privilégié ; pour les consultations en présentiel, le respect des mesures barrières s’impose (port du masque, hygiène des mains et distanciation physique). Ainsi, la consultation initiale (1er ou 2e mois de grossesse) par une sage-femme, un gynécologue, gynécologue-obstétricien ou médecin généraliste, doit être maintenue ; réalisée si possible en téléconsultation, elle est l’occasion d’aborder les conditions de travail de la femme et la prévention des risques professionnels. La HAS précise qu’il faut conserver l’articulation du suivi sur les 3 consultations échographiques. Elle préconise le maintien des consultations intermédiaires (4e et 6e mois de grossesse) par téléconsultation ou téléphone pour les femmes à bas risque, mais en présentiel pour les grossesses à haut risque ou lorsqu’il y a a un risque psycho-social. Pour les femmes au 3e trimestre de grossesse (considérées comme à risque de développer une forme sévère de Covid-19), il est recommandé de ne pas poursuivre ni reprendre leur activité professionnelle (hors télétravail et après une décision médicale partagée) et de respecter les mesures barrières et la distanciation physique.

Le dépistage virologique par RT-PCR est préconisé pour les femmes enceintes avant toute hospitalisation programmée, et au minimum en amont des interventions programmées (césarienne, déclenchement).

Après l’accouchement, les sorties de la mère et son enfant doivent être limitées, et le suivi post-natal renforcé : le suivi de l’allaitement maternel, le dépistage de la dépression post-natale et l’accompagnement de la mère ou du couple dans leurs pratiques parentales (surtout pour un premier enfant) peuvent s’appuyer sur les dispositifs de ville comme la Protection maternelle et infantile (PMI) et le Programme de retour à domicile (PRADO) qui reprennent désormais leurs activités. 

La visite post-natale à domicile pour la mère doit être maintenue, afin de permettre un examen gynécologique, la mise ou remise en place éventuelle d’une contraception, d’enclencher la rééducation du périnée, les actions de prévention, etc. C’est aussi l’occasion d’initier le suivi de l’état de santé de l’enfant : dépistages, vaccinations, développement de l’enfant (examens obligatoires mensuels du 1er au 6e mois). Pour rappel, la vaccination des nourrissons reste obligatoire (à 2, 4, 5, 11, 12 et 16-18 mois).

Enfin, dans les cas des enfants nés de mères ayant contracté le Covid-19, la HAS recommande la mise en place d’un suivi spécifique jusqu’à l’âge de 2 ans.

Pour en savoir plus

HAS, Levée du confinement : quel suivi des femmes enceintes ou ayant accouché ? communiqué de presse, 20 mai 2020.

Laura Martin Agudelo, La Revue du Praticien