Les maladies cardiovasculaires (MCV) sont plus fréquentes, plus graves et moins bien prises en charge chez le patient cancéreux que dans la population générale. Elles concernent environ 30 % des patients cancéreux en moyenne et se manifestent à tous les stades de la prise en charge du cancer. Le risque de maladie veineuse thromboembolique est multiplié par 4 à 7, celui de maladie artérielle (coronarienne, accident vasculaire cérébral) par 2 à 6 et celui d’insuffisance cardiaque (IC) par 1,5 à 3. Leur morbidité est augmentée : par exemple, le risque d’hémorragie sous anticoagulants est multiplié par 2. La mortalité cardiovasculaire (CV) est multipliée par 2 à 6 (8 chez les enfants survivants).La moins bonne prise en charge des MCV s’explique par la complexité, l’exclusion des patients cancéreux des essais thérapeutiques et le faible niveau des recommandations dédiées.Il existe des facteurs de risque communs à la survenue des maladies CV et des cancers, ils partagent des voies métaboliques : inflammation, stress oxydant, dysbiose, remodelage métabolique. Certains facteurs sécrétés par le cancer (cytokines et autres) peuvent favoriser les MCV ; inversement, celles-ci peuvent favoriser le cancer via le sécrétome cardiaque (serpine A3, périostine, etc.). La plupart des traitements anticancéreux peuvent également générer tous types de problèmes CV.
Michel Desnos, cardiologue, Paris, France
20 mai 2025