Si l’obésité maternelle est reconnue comme un facteur de risque pour les complications et issues défavorables de la grossesse,1 l’influence de l’obésité paternelle, considérée isolément et en combinaison avec celle de la mère, reste à déterminer.
Dans cet objectif, une étude de cohorte a été menée sur 8 787 096 triades parents-enfant (âge moyen des mères = 26,18 ans, écart-type = 4,33 ; âge moyen des pères = 27,83 ans, écart-type = 4,73) issues du National Free Preconception Checkups Projecten Chine, entre 2010 et 2020. Les critères d’inclusion étaient la disponibilité de données sur l’IMC parental antéconception et les issues de la grossesse. Ces dernières comprenaient l’avortement spontané et provoqué médicalement, l’accouchement prématuré, un nouveau-né petit ou grand pour son âge gestationnel, des malformations congénitales et le décès périnatal. Le risque relatif (RR) a été calculé pour chacune d’entre elles.
Les résultats de l’étude, parus en septembre 2025 dans le Lancet,2 montrent que l’insuffisance pondérale, le surpoids ou l’obésité chez au moins un parent étaient associés à un surrisque d’avortement spontané ou provoqué médicalement, de décès périnatal, d’accouchement prématuré, ou encore de malformations congénitales. Par exemple, le RR de décès périnatal était de 1,17 (IC 95 % = 1,03 - 1,33) lorsque les deux parents étaient en situation d’obésité (ici, définie par un IMC ≥ 28), et de 1,12 (1,01 - 1,23) lorsque les deux étaient en insuffisance pondérale (IMC < 18,5). Le RR d’avoir un enfant grand pour son âge gestationnel était de 1,70 (1,65 - 1,74) lorsque les deux parents souffraient d’obésité, et de 0,67 (0,66 - 0,69) lorsque les deux parents étaient en insuffisance pondérale.
Un surrisque lié à l’IMC des deux parents
Les chercheurs ont ensuite analysé le risque combiné des différentes issues de grossesse par rapport à la situation de référence où les deux parents ont un IMC normal (ici, 18,5 ≤ IMC ≤ 23,9). Ils ont alors identifié que ce risque augmentait de 10 % (RR = 1,10 ; IC 95 % = 1,08 - 1,11) avec une mère atteinte d’obésité et un père d’IMC normal. Dans la situation inverse – mère avec IMC normal et père avec obésité –, le risque augmentait de 4 % (RR = 1,04 [1,04 - 1,05]). Le risque était particulièrement élevé lorsque les deux parents souffraient d’obésité, augmentant de 16 % (RR = 1,16 [1,14 - 1,18]). Enfin, lorsque les deux parents étaient en insuffisance pondérale, le RR était de 1,08 (1,06 - 1,09).
Ces résultats incitent les futurs parents à tendre vers un poids de forme pour une meilleure santé périnatale. Plus globalement, les conclusions de cette recherche font écho à ceux d’une étude très complète, parue plus tôt en 2025 dans la même revue et qui alerte sur l’augmentation du surpoids et de l’obésité chez les jeunes comme chez les adultes, à l’échelle mondiale.3 Un habitant de la planète sur trois est aujourd’hui en surpoids ou en obésité, tous âges confondus et, d’après les prévisions de cette étude, d’ici à 2050, plus de la moitié des adultes pourraient l’être.
2. Liu B, Zhao C, Yang Y, et al. Parental preconception BMI and risk of adverse birth outcomes in 8 million parent–child triads: a nationwide population-based cohort study in China. Lancet Diab Endo 2025;13(9):754-64.
3. GBD 2021 Adult BMI Collaborators. Global, regional, and national prevalence of adult overweight and obesity, 1990–2021, with forecasts to 2050: a forecasting study for the Global Burden of Disease Study 2021. Lancet 2025;405(10481):813-38.