Santé publique France alerte sur une augmentation constante du nombre annuel de cas et de l’incidence de la listériose depuis 2021. Cette hausse concerne surtout certaines formes invasives de la maladie ainsi que certaines tranches d’âge. D’où l’importance de promouvoir les mesures de prévention, non seulement auprès des femmes enceintes, mais aussi des autres populations à risque.

Listeria monocytogenes (L. monocytogenes) est une bactérie largement répandue dans l’environnement qui peut contaminer de nombreux aliments, en particulier ceux consommés crus ou peu cuits tels que les produits de charcuterie, les poissons fumés, le lait cru ou les fromages au lait cru. Toutefois, la survenue d’une listériose est rare en France en population générale. Les personnes âgées, les femmes enceintes et leurs nouveau-nés, les immunodéprimées sont plus à risque.

Du point de vue clinique, elle se manifeste par des formes invasives ou non-invasives. Les formes invasives sont dominées par les bactériémies, les formes neuroméningées et materno-néonatales. Les listérioses non-invasives sont rares (gastroentérites aiguës fébriles rarement compliquées, formes cutanées isolées ou exceptionnelles formes oculaires). La durée d’incubation de la listériose est variable, de 1 jour à près de 2 mois pour les formes materno-néonatales. La mortalité des listérioses invasives est de l’ordre de 20 à 30 %.

Depuis 2021, on observe une augmentation de l’incidence en France.

Nombre annuel et incidence en hausse constante

Entre 2006 et 2020, le nombre annuel de cas de listériose variait, selon les années, entre 276 et 414 cas. Depuis 2021, il est en augmentation nette, avec 619 cas notifiés en 2024 (figure 1). L’augmentation concerne surtout les formes bactériémiques, puis dans une moindre mesure, les formes invasives non-materno-néonatales (neuroméningées et autres formes). Le nombre annuel de cas de listériose survenue en cours de grossesse tend à rester stable, avec moins d’une cinquantaine de cas chaque année.

De même, l’incidence annuelle de la listériose est passée de 3,1 et 6,2 cas par million d’habitants, entre 1999 et 2020, à 9 cas par million d’habitants en 2024 (figure 2). L’incidence des formes bactériémiques a presque été multipliée par 3 depuis 2005, tandis que celle des formes neuroméningées et des autres formes non-materno-néonatales a augmenté, mais dans une moindre mesure (figure 3). Pour les listérioses materno-néonatales, l’incidence est de 6,9 pour 100 000 naissances vivantes en 2024 versus 3,8 en 2018.

Selon l’ECDC, cette tendance à la hausse est constatée dans de nombreux autres pays européens. En 2023, des incidences similaires ont ainsi été observées en Belgique (8,9 cas/million d’habitant), Danemark (8,9 cas/million d’habitant), Allemagne (7,9 cas/million d’habitant), Portugal (9,5 cas/million d’habitant), Espagne (9,2 cas/million d’habitant), Suisse (8,4 cas/million d’habitant) ou Suède (12 cas/million d’habitant) ; aucun pays européen n’a observé une baisse de l’incidence au cours des dernières années.

Analyse par âge et par région

L’augmentation d’incidence la plus forte est observée chez les personnes les plus âgées : 87/million d’habitants chez les personnes de plus de 90 ans, 57/million d’habitant chez les personnes de 80 à 89 ans, comparée à 2,3/million d’habitants chez les moins de 60 ans.

Tout l’Hexagone est concerné, avec l’incidence la plus élevée en Bretagne, Normandie et Corse.

Caractéristiques des cas de listériose 

En 2024, seulement 45 % des cas de listériose étaient de sexe féminin versus 54 % en 1999. L’âge médian était de 76 ans (extrêmes 2 ans – 99 ans) et 86 % avaient au moins une comorbidité.

Dans les clusters génomiques identifiés, les principales sources de contamination identifiées étaient : fromages et produits laitiers (44 %), produits de charcuterie (26 %), plats cuisinés (8 %), environnements agroalimentaires de cuisines centrales (8 %), environnements agroalimentaires de charcuteries (7 %), poissons fumés (3 %), origine nosocomiale (2 %).

Quelle sont les raisons de cette hausse ?

L’hypothèse d’un biais diagnostique ou de surveillance apparait peu probable, car les techniques et les pratiques diagnostiques ont peu évolué ces dernières années. Ces tendances à la hausse ne sont pas non plus expliquées par des épidémies plus fréquentes ou de plus grande ampleur. Les données de surveillance alimentaires n’indiquent pas non plus de recrudescence des alertes Listeria dans les aliments.

Selon SPF, cette augmentation serait donc liée au vieillissement de la population et à l’augmentation des maladies chroniques liées à l’âge favorisant la survenue d’une listériose.

Si le respect des mesures de prévention (encadré) est le plus souvent envisageable chez les femmes enceinte pendant le temps de la grossesse, leur mise en œuvre à long terme chez les personnes âgées ou immunodéprimées est plus difficile.

Qu’en retenir ?

  • Depuis 2021, le nombre annuel de cas et l’incidence de la listériose sont en augmentation constante. Cette tendance à la hausse est constatée dans de nombreux autres pays européens.
  • L’augmentation concerne préférentiellement les formes bactériémiques et, dans une moindre mesure, les autres formes invasives non-materno-néonatales.
  • L’incidence de la listériose augmente nettement avec l’âge. En 2024, 45 % des cas étaient de sexe féminin. L’âge médian était de 76 ans (extrêmes 2 ans – 99 ans) et près de 9 sur 10 avaient au moins une comorbidité.
  • Ces tendances à la hausse semblent être liées au vieillissement de la population et à l’augmentation des maladies chroniques liées à l’âge favorisant la survenue d’une listériose. D’où l’intérêt de promouvoir dans cette population le respect des bonnes pratiques d’hygiène alimentaire (encadré).

Encadre

Comment prévenir la listériose ?

Éviter de consommer les aliments les plus fréquemment contaminés :

  • fromages au lait cru ; préférez la consommation de fromages au lait pasteurisé. Enlevez la croûte des fromages ;
  • poissons fumés ou marinés (saumon, truite, harengs, etc.) ;
  • poisson cru (sushi, sashimi, tarama) ;
  • crustacés décortiqués vendus cuits ;
  • coquillages crus ;
  • produits de charcuterie : rillettes, pâtés, foie gras, produits en gelée, etc. ;
  • viandes crues ou peu cuites ;
  • graines germées crues telles que des graines de soja.

Respecter certaines règles d’hygiène lors de la manipulation et la préparation des aliments :

  • nettoyer son réfrigérateur en cas de souillures à partir de légumes, de fromages ou de jus de viande crue. Nettoyer régulièrement son réfrigérateur ;
  • s’assurer que la température du réfrigérateur est suffisamment basse (≤ + 4 °C) ;
  • conserver les aliments crus séparément des aliments cuits ou prêts à être consommés ;
  • bien rincer à l’eau du robinet les fruits, les légumes et les herbes aromatiques ;
  • se laver les mains après la manipulation d’aliments non cuits ;
  • nettoyer les plans de travail après avoir manipulé des aliments crus et bien nettoyer les ustensiles de cuisine ayant été en contact avec ces aliments ;
  • cuire les aliments crus d’origine animale (viandes, poissons, charcuteries crues etc.). Les steaks hachés doivent être cuits à cœur ;
  • réchauffer soigneusement les restes alimentaires et les plats cuisinés avant consommation immédiate ;
  • respecter les dates limites de consommation.
Références
European Food Safety Authority, European Centre for Disease Prevention and Control. The European Union One Health 2023 Zoonoses report.  EFSA Journal 2024;22(12):e9106.
Santé publique France. Listériose en France. Période 1999-2024. 19 septembre 2025.
Direction Générale de l’alimentation. Bilan des événements alimentaires enregistrés en 2023. 1er avril 2025

Dans cet article

Ce contenu est exclusivement réservé aux abonnés