Le lithium, traitement de référence du trouble bipolaire, est un médicament à marge thérapeutique étroite : la dose efficace est proche de la dose toxique. Plusieurs facteurs (situations cliniques, médicaments) provoquent des variations de la lithiémie, avec un risque de sous- et surdosage. Que faut-il savoir en MG ? Le point avec Hélène Verdoux, professeur de psychiatrie. 

Le lithium est devenu le traitement de référence du trouble bipolaire grâce à la détermination d’un psychiatre danois. Il y a 70 ans, Mogens Schou publiait les premières études montrant que le lithium pouvait être prescrit de manière sécurisée, à condition de mesurer sa concentration dans le sang (lithiémie).

En effet, le lithium est un médicament dit à marge thérapeutique étroite :la dose efficace est proche de la dose toxique. Elle doit être adaptée de manière individuelle pour obtenir des concentrations efficaces et non toxiques.

La lithiémie se mesure à jeun 12 h après la dernière prise de lithium ; si on décale trop, la mesure sera fausse.

Pour la forme à libération immédiate (Téralithe 250 mg) :

  • 0,6 - 0,8 mEq/L en prévention des récidives (moins chez les personnes âgées) ;
  • 0,8 - 1 mEq/L en curatif lors d’un épisode maniaque ou mixte.

Pour la forme à libération prolongée (Téralithe LP 400 mg) :

  • 0,8 - 1 mEq/L en préventif ;
  • 1 - 1,2 mEq/l en curatif.

Le risque de surdosage est quasiment toujours prédictible et peut être prévenu si :

  • les usagers sont informés avec des programmes d’éducation thérapeutique ;
  • les professionnels de santé sont au courant des précautions à prendre en cas de prescription/délivrance d’autres médicaments.

Facteurs pouvant modifier la lithiémie

Il faut retenir que le lithium est un sel minéral éliminé par les reins, et dont la concentration (lithiémie) peut augmenter sous l’influence de  :

⇒ la concentration en eau (la lithiémie augmente en cas de déshydratation) :

  • boisson insuffisante
  • sueurs, fièvre
  • diarrhée, vomissements
  • polyurie (« diabète insipide ») ;

⇒ la concentration en sodium ou natrémie (l’élimination rénale du lithium est en compétition avec celle du sodium, le lithium est davantage réabsorbé s’il y a moins de sodium) :

  • régime sans sel
  • diurétiques surtout thiazidiques, furosémide, spironolactone
  • inhibiteurs de l’enzyme de conversion (IEC)
  • antagonistes récepteurs angiotensine II (ARA II) ;

⇒ la fonction rénale : l’élimination du lithium est moins efficace si :

  • prise d’AINS (attention aux achats sans ordonnance !)
  • maladies rénales.

Inversement, plusieurs facteurs peuvent augmenter l’élimination rénale du lithium :

  • régime riche en sel ;
  • bicarbonate de sodium ;
  • caféine (attention aux variations de consommation), théophylline ;
  • certains diurétiques : mannitol, acétazolamide.

Le plus souvent, on peut anticiper les risques de surdosage, en adaptant les doses, voire en arrêtant pour quelques jours le lithium en cas de situation à haut risque (par exemple : gastro-entérite avec déshydratation importante, le temps que les symptômes disparaissent).

L’éducation thérapeutique, essentielle, a pour but d’informer sur les signes d’alerte :

  • nausées, vomissements, diarrhée (aggravant le surdosage) ;
  • tremblements importants, secousses musculaires ;
  • troubles de l’équilibre, de la vision ;
  • difficultés d’élocution, etc.

Références
Fiorillo A, Sampogna G, Albert U, et al. Facts and myths about the use of lithium for bipolar disorder in routine clinical practice: an expert consensus paper. Ann Gen Psych 6 décembre 2023.
Finley PR. Drug Interactions with Lithium: An Update. Clin Pharm 2016;555:925-41.
Fiche à télécharger :https://drive.google.com/file/d/1r8sEX2cmoviPKUMH1Z6XBDP-vNaeULr-/view

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