Selon les recommandations françaises en vigueur (HAS 2019), l’activité physique est le traitement principal de la lombalgie commune – c’est-à-dire non associée à une pathologie sous-jacente – et le seul actuellement recommandé (avec kinésithérapie) pour la forme chronique. Parmi les mesures pharmacologiques dans les poussées aiguës, le paracétamol est recommandé en première ligne, suivi des AINS, et éventuellement des opioïdes en seconde ligne en cas d’échec.
Si cette étude confirme l’efficacité de certaines mesures déjà préconisées, elle remet en question d’autres interventions couramment utilisées et, au contraire, apporte des données positives sur des mesures actuellement non recommandées, notamment pour la lombalgie chronique.
Plus de 300 essais randomisés contre placebo
Cette étude est la plus complète revue de la littérature publiée à ce jour sur les traitements de la lombalgie disponibles en soins primaires (pharmacologiques ou non). Les études sur des interventions chirurgicales, même mini-invasives, en étaient exclues. Ainsi, 301 essais randomisés contrôlés contre placebo ont été inclus, parus entre 2005 et 2023, où étaient évalués 56 traitements (ou combinaisons de traitements) différents. Les participants étaient des adultes atteints de lombalgie commune ; 52 essais concernaient la lombalgie aiguë (< 3 mois), 228 la lombalgie chronique et 21 les deux à la fois.
Plus de la moitié des essais inclus étaient considérés comme ayant un risque de biais, notamment en raison de l’absence d’insu et des analyses ne prenant pas en compte l’ensemble des participants initialement randomisés.
Les interventions étudiées étaient principalement :
- parmi les traitements pharmacologiques : AINS (N = 27) et opioïdes (N = 26), mais aussi du paracétamol, des injections de corticoïdes, des cannabinoïdes, des myorelaxants, de la colchicine, etc. ;
- parmi les non-pharmacologiques : thérapies par laser et d’autres lumières (N = 25), acupuncture (N = 24) et exercices physiques (N = 19), mais aussi « taping » (bandes de kinésiologie), du biofeedback, de la stimulation électrique, etc.
Les auteurs ont effectué une méta-analyse des études lorsqu’il était possible de comparer leurs résultats selon un score d’intensité de la douleur, en convertissant les différents résultats vers un score commun de 0 à 100 (0 dénotant l’absence de douleur et 100 douleur maximale).
Activité physique, capsaïcine, manipulations sont les plus efficaces contre la lombalgie chronique
Résultats : la plupart des traitements évalués se sont avérés inefficaces. Environ 10 % des traitements évalués ont montré un effet antalgique, cependant faible par rapport au placebo.
Les interventions qui fonctionnaient étaient (avec un niveau de certitude modéré) :
- pour la lombalgie aiguë : les AINS, avec une réduction moyenne de la douleur de 3,8 points dans 10 essais incluant un total de 1 763 participants) ;
- pour la lombalgie chronique :
- l’exercice physique, avec une réduction moyenne de la douleur de 7,9 points (7 études, 676 participants) ;
- les tractions lombaires : réduction moyenne de 6,4 points (9 études, 445 participants) ;
- le « taping » (bandes de kinésiologie) : réduction moyenne de 6,3 points (15 études, 967 participants) ;
- les antidépresseurs : réduction moyenne de 4,9 points (10 études, 1 695 participants) ;
- les agonistes du récepteur TRPV1 (tels que la capsaïcine topique) : réduction moyenne de 8,2 point (2 études, 433 participants).
N’ont pas montré d’efficacité suffisante :
- dans la lombalgie aiguë : l’exercice, les injections de corticoïdes ou le paracétamol ;
- dans la lombalgie chronique : les anesthésiants, les antimicrobiens.
Quant aux autres des intervention étudiées, les données disponibles ne permettaient pas de conclure (d’autres études sont nécessaires). Il s’agissait notamment des myorelaxants, opioïdes, gabapentinoïdes et hypnotiques, acupuncture, TCC, thérapies par laser ou lumière, TENS, ostéopathie, massages…
Ainsi, les auteurs soulignent la nécessité de conduire d’autres essais de haute qualité, contrôlés par placebo, pour répondre aux incertitudes persistantes.
À lire aussi :
Martin Agudelo L. Lombalgie : prise en charge non médicamenteuse. Rev Prat (en ligne) 9 juillet 2024.
Martin Agudelo L. Opioïdes dans la lombalgie/cervicalgie aiguë : pire qu’un placebo ! Rev Prat (en ligne) 4 juillet 2023.