Ces deux interventions sont associées à une réduction de la douleur, de l'utilisation quotidienne d'opioïdes et à une amélioration de la qualité de vie, d’après les résultats d’un vaste essai randomisé paru dans le JAMA.

La lombalgie commune, très fréquente, a un fort risque de chronicisation. Actuellement, certains patients ayant une lombalgie chronique (> 3 mois) sont traités par des médicaments opioïdes (une intervention qui n’est recommandée qu’en dernière intention). Étant donné les risques non négligeables qui y sont associés, il est important de trouver d’autres stratégies thérapeutiques.

Des chercheurs américains ont ainsi comparé l’efficacité de la méditation de pleine conscience et la thérapie cognitivo-comportementale chez des patients traités par opioïdes pour une lombalgie chronique.

Incluant 770 adultes, c’était le plus grand essai et avec le plus long suivi conduit à ce jour sur ce sujet et dans ce type de population. Les participants (56,4 % de femmes ; âge moyen : 57,8 ans) avaient une lombalgie chronique modérée à sévère : le score moyen de douleur était de 6 dans l’échelle numérique Brief Pain Inventory allant de 0 à 10 (0 = « aucune douleur ») et celui de limitation fonctionnelle était en moyenne de 47 sur l’Oswestry Disability Index allant de 0 à 100 (0 = « aucune limitation »). Les participants recevaient un traitement opioïde pour leur lombalgie chronique depuis au moins 3 mois. Ils ont été aléatoirement répartis à parts égales dans deux groupes :

  • le groupe « thérapie cognitivo-comportementale » (TCC) était formé à des stratégies comme la restructuration cognitive des croyances liées à la douleur, le développement de compétences d’adaptation à cette dernière, l’entraînement à la relaxation, etc., dans le but de favoriser une autogestion de la douleur ;
  • le groupe « méditation de pleine conscience » était formé à cette pratique, définie comme le fait de porter attention de façon délibérée au moment présent (sensations physiques, environnement, etc.) – c’est-à-dire sans se concentrer sur le passé ou le futur – et sans porter un jugement de valeur. Ainsi, dans ce groupe, l’idée était d’appliquer ces principes pour déconstruire la douleur, ses composantes cognitives, émotionnelles et sensorielles ; les participants étaient, en particulier, encouragés à l’appliquer avant de décider de prendre un médicament opioïde, afin de contrer l’automatisme de cette prise.

Les interventions consistaient en 8 séances hebdomadaires de 2 heures, en groupe, dirigées par un thérapeute qualifié (en présentiel puis à distance en raison des confinements liés au Covid). S’y ajoutait une pratique à domicile recommandée d’au moins 30 minutes par jour, 6 jours par semaine, pendant toute la durée de l’étude.

La sévérité de la douleur et les limitations fonctionnelles (scores moyens auto-évalués sur la semaine précédente) étaient les critères primaires de jugement. Les critères secondaires comprenaient la qualité de vie et la dose quotidienne d’opioïdes. Les données sur le critère principal ont été fournies par 70 % des participants à 6 mois et 65 % à 12 mois, mais aucune différence significative entre les deux groupes n’a été observée concernant les taux de perte de suivi ni d’observance au traitement.

Résultats : par rapport aux niveaux mesurés à l’inclusion, les deux groupes ont montré, à 6 et 12 mois, une amélioration des critères primaires et secondaires. Par exemple, à 12 mois, respectivement pour les groupes pleine conscience et TCC : le score de douleur avait diminué de 0,45 et 0,59 point par rapport à l’inclusion ; celui de limitation fonctionnelle de 3,19 et 3,49 points. Ces réductions étaient considérées significatives. La dose moyenne quotidienne d’opioïdes avait également diminué dans les deux groupes. L’analyse statistique n’a pas révélé de différences significatives entre les deux, ce qui est en faveur d’une non-infériorité de la pleine conscience par rapport à la TCC, qui est la psychothérapie de référence actuelle pour la douleur chronique.

Enfin, aucun événement indésirable grave n’a été rapporté dans l’un ou l’autre des groupes.

L’absence de groupe témoin (soins habituels) peut limiter la portée de ces conclusions. Toutefois, le fait que les études longitudinales rapportent que la lombalgie chronique, y compris traitée par opioïdes, est peu susceptible de s’améliorer avec les soins habituels plaide en faveur d’un effet réel de ces deux interventions.

L’ampleur similaire des améliorations observées avec la pleine conscience et la TCC pourrait refléter des mécanismes d’action communs (apprentissage de compétences d’autogestion de la douleur axées sur la régulation de la cognition, des émotions et du comportement), qui pourraient être mieux identifiés dans les futurs essais.

Pour en savoir plus
Zgierska AE, Edwards RR, Barrett B, et al. Mindfulness vs Cognitive Behavioral Therapy for Chronic Low Back Pain Treated With Opioids. JAMA Netw Open 2025;8(4):e253204.

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