La phtiriose est une ectoparasitose due à Phtirus pubis, plus communément appelé pou du pubis ou morpion. C’est une IST cosmopolite. La transmission se fait habituellement par contact direct peau contre peau, souvent lors de rapports sexuels. Le pou adulte survit 24 h hors contact avec l’homme et les lentes pas plus de 8 jours. Contrairement au pou de corps et au pou du cuir chevelu, Phtirus pubis est trapu, peu mobile, et s’accroche aux poils de grand diamètre. Par conséquent, il atteint préférentiellement les poils des régions périgénitales et périanales, mais peut être parfois observé au niveau axillaire, pectoral, ciliaire et plus rarement au niveau des cheveux.
Comment faire le diagnostic ?
Le principal symptôme est un prurit pubien associé à des lésions de grattage qui peuvent être impétiginisées et s’accompagner d’adénopathies inguinales. En cas de localisation ciliaire, une conjonctivite et une blépharite peuvent apparaître.
Le diagnostic de certitude repose sur la visualisation du pou et/ou des lentes. L’examen attentif révèle les poux adultes sous la forme d’une petite tache grise près de l’ostium folliculaire. Les lentes sont à la limite de la visibilité sous la forme d’une petite masse arrondie, collée aux poils. L’examen dermoscopique permet une meilleure visualisation et peut être utile dans les formes paucisymptomatiques. La recherche d’autres IST est recommandée car elles sont fréquemment associées (jusqu’à 30 %).
Quel traitement ?
Formes limitées ou localisées
1re ligne :
- Perméthrine crème 5 % à appliquer sur les zones atteintes à rincer après 10 minutes. À répéter après 7 - 10 jours. Hors AMM.
OU
- Diméticone lotion : 1 application sur les zones atteintes, temps d’application variable (habituellement 10 - 15 minutes, se référer aux recommandations du fabricant), puis rincer. Traitement à renouveler à J7 -J10. Hors AMM.
2e ligne, en cas d’échec :
- Vérifier l’absence de réinfestation et que les partenaires ont bien été traités.
- Changer la classe thérapeutique utilisée en 1re ligne (si perméthrine, passer à la diméticone et vice versa).
3e ligne, en cas d’échec :
- Vérifier l’absence de réinfestation et que les partenaires ont bien été traités.
- Ivermectine 200 µg/kg, à renouveler à J7 -J10, en une seule prise après le repas (accessible pour un poids > 15 kg). Hors AMM.
Forme profuse
- Ivermectine 200 µg/kg, à renouveler à J7 -J10, en une seule prise après le repas (accessible pour un poids > 15 kg). Hors AMM.
Chez la femme enceinte, on utilisera de préférence un traitement topique : perméthrine en crème ou diméticone en 1re intention. Si le traitement par voie cutanée ne convient pas ou n’est pas suffisant, l’ivermectine peut être utilisée quel que soit le terme de la grossesse.
Mesures à associer
- Dépilation (rasage, épilation) des zones atteintes
- Application du traitement local sur peau lavée et séchée, sur toutes les zones suspectées atteintes.
- Retrait des lentes au peigne fin et/ou à la pince à épiler.
- Lavage des vêtements et de la literie à 60 °C.
- Dépistage et traitement du ou des partenaires.
- Proposition d’aide à la notification aux partenaires.
- Recherche des autres IST.
- Contrôle clinique à la fin du traitement.
Mesures préventives générales
Le patient doit bénéficier des conseils appropriés en matière de prévention de toutes les IST, des violences sexuelles et de la grossesse, et se voir proposer, le cas échéant, une orientation facilitée vers des dispositifs tels que la PrEP, les traitements post-exposition, ou les centres d’orthogénie.
Cas particulier de l’atteinte ciliaire
1ère ligne :
- Mesure mécanique : retrait manuel des lentes et des adultes.
- Vaseline : 1 application 2 fois par jour au niveau des cils, pendant 10 jours.
2e ligne, en cas d’échec :
- Ivermectine 200 µg/kg à renouveler à J7 - 10, en une seule prise après le repas. Hors AMM (accessible pour un poids > 15 kg).
Les mesures associées doivent être systématiques :
- Traitement des autres régions atteintes selon les recommandations spécifiques.
- Retrait manuel des morpions et des lentes.
- Lavage des vêtements et de la literie à 60 °C.
- Dépistage et traitement du ou des partenaires.
- Proposition d’aide à la notification aux partenaires.
- Recherche des autres IST.
- Contrôle clinique à la fin du traitement.
Attention : chez l’enfant, la survenue d’une phtiriose ciliaire doit faire envisager la transmission due à des violences sexuelles.