La mesure de la vitesse de sédimentation reste largement prescrite et remboursée en médecine de ville, mais sa pertinence clinique est incertaine. À la demande de l’Assurance maladie, la HAS a été chargée d’évaluer s’il reste ou non des indications à ce dosage.

La vitesse de sédimentation (VS) mesure la vitesse avec laquelle les hématies d’un échantillon de sang se déposent au fond d’un tube calibré en une heure. Bien qu’il soit de moins en moins utilisé, ce test sanguin est encore largement prescrit en médecine générale et en rhumatologie : il représentait en 2023 près de 16 millions d’actes remboursés par l’Assurance maladie, pour un montant de 12 millions d’euros.

Compte tenu de ses limites et de l’existence de marqueurs inflammatoires plus performants, la Haute Autorité de santé (HAS) a été saisie par l’Assurance maladie pour évaluer s’il restait des indications à la VS, en vue de modifier les conditions de remboursement.

Ainsi, la HAS a réalisé une analyse critique de la littérature se fondant sur les revues systématiques avec ou sans méta-analyse parues entre 2000 et 2025, les rapports d’évaluation techniques et les recommandations professionnelles publiées entre 2015 et 2025. Le travail qui en résulte est paru ce 17 novembre 2025.

Pas d’intérêt médical prouvé

L’analyse révèle que la mesure de la VS n’a pas démontré d’intérêt médical dans les examens de biologie médicale prescrits à l’issue d’une consultation de routine d’un patient asymptomatique en médecine générale. Elle n’est pas non plus justifiée dans les autres indications courantes :

  • artérite à cellules géantes et/ou pseudopolyarthrite rhizomélique ;
  • lupus systémique ;
  • polyarthrite rhumatoïde ;
  • arthrites juvéniles idiopathiques / maladie de Still ;
  • lymphome de Hodgkin ;
  • myélome multiple et autres gammapathies monoclonales (dont MGUS).

En effet, la mesure de la VS a de nombreux inconvénients pouvant conduire à des décisions cliniques erronées.

Peu reproductible, ses résultats varient fortement selon les conditions préanalytiques (délai entre prélèvement et réalisation de la mesure, etc.) et analytiques (forte variabilité selon la technique employée) : la valeur numérique, indiquée dans la feuille de résultat et sur laquelle se base le clinicien, a donc une marge d’erreur conséquente. De plus, les résultats obtenus par des méthodes de mesure classiques de la VS et des méthodes plus récentes (qui mesurent la vitesse d’agrégation) diffèrent significativement.

Peu spécifique, elle est affectée par de nombreux facteurs physiologiques ou pathologiques, sans lien avec un processus inflammatoire.

Enfin, c’est un marqueur de cinétique lente : il augmente 24 à 48 h après le début de l’inflammation, atteint son pic en 1 à 2 semaines et peut prendre des semaines pour se normaliser complètement. Pour cette raison, on peut observer des valeurs normales au début d’un processus inflammatoire et des valeurs élevées persistantes malgré sa régression.

Recommandations

Selon la HAS, la VS ne doit plus être prescrite en soin courant, quelle que soit la situation clinique, pour orienter le diagnostic, le pronostic ou pour le suivi des patients, d’autant plus qu’il existe d’autres examens plus performants (autres marqueurs biologiques inflammatoires, examens d’imagerie).

Si la clinique motive le dosage de marqueurs de l’inflammation, la mesure de la CRP  (marqueur de cinétique rapide) est en général à privilégier en première intention en cas d’inflammation aiguë. Contrairement à la VS, ce marqueur est peu influencé par des facteurs indépendants d’un processus inflammatoire et est plus reproductible.

De recommandations sur la pertinence et le choix des marqueurs d’inflammation et leur séquence de prescription en ville et à l’hôpital devraient être publiées dans un deuxième temps.

Une fiche de bon usage est téléchargeable ici.

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