La dengue est une maladie virale, transmise à l’être humain lors de piqûres de moustiques du genre Aedes. Asymptomatique dans 50 à 90 % des cas, elle peut se manifester par fièvre, maux de tête, nausées, douleurs articulaires et musculaires, éruption cutanée. Dans moins de 5 % des cas symptomatiques, la maladie évolue vers une forme sévère voire mortelle. La grossesse ou certaines pathologies peuvent augmenter le risque de forme sévère (immunodépression, drépanocytose, diabète, hypertension artérielle compliquée, insuffisance rénale, affections cardiopulmonaires chroniques…).
Il existe 4 sérotypes différents du virus de la dengue : DENV- 1, 2, 3 et 4. Lorsqu’une personne est infectée par l’un d’entre eux pour la première fois, il est généralement immunisé à vie contre ce sérotype, mais seulement de façon incomplète et temporaire contre les autres. Une infection ultérieure par un autre sérotype viral augmente alors le risque de complications et de forme sévère ; en effet, les anticorps (dits facilitants) ne neutralisent pas le virus, mais facilitent au contraire son entrée et sa réplication dans les cellules immunitaires.
Un vaccin bien toléré
Le vaccin Qdenga (Takeda) a obtenu une AMM européenne en 2022, chez les 4 ans et plus. Les données chez les enfants et adolescents ayant été précédemment infectés par le virus de la dengue montrent une efficacité du vaccin dans la prévention de la maladie symptomatique et des hospitalisations pour les 4 sérotypes. Cette efficacité s’étend de 51,8 % contre DENV- 3 à 80,2 % contre DENV- 2 (mais elle est moindre chez les enfants de 4 à 5 ans). Sur les hospitalisations, l’efficacité est de 98 % contre DENV- 2 et 72 % contre DENV- 1 et DENV- 3.
En revanche, chez les personnes n’ayant jamais été infectées par la dengue (séronégatifs), le vaccin a montré une absence d’efficacité contre les sérotypes DENV- 3 et 4 dans la prévention de la dengue symptomatique, ainsi que contre le sérotype DENV- 3 dans la prévention des hospitalisations. En raison d’un faible nombre de cas liés au sérotype DENV- 4, l’efficacité sur ce sérotype n’a pas pu être déterminée.
Les données disponibles montrent une bonne tolérance du vaccin quel que soit le statut sérologique, mais on ne peut pas exclure, à ce jour, le risque de développer des formes sévères de la dengue chez les personnes séronégatives vaccinées qui seraient ultérieurement exposées aux sérotypes DENV- 3 et DENV- 4.
Le vaccin Qdenga est contre-indiqué chez les sujets immunodéprimés et les femmes enceintes et allaitantes.
Une vaccination recommandée de 6 à 60 ans, sous conditions
À la lumière de ces données, la HAS recommande la vaccination dans les territoires français d’Amérique (Antilles et Guyane), ainsi qu’à Mayotte et à La Réunion, avec un schéma de deux doses de vaccin espacées de 3 mois, à réaliser entre deux épidémies. Après une infection par la dengue, elle préconise d’attendre 6 mois avant d’être vacciné. Les personnes concernées sont (tableau) :
- les enfants âgés de 6 à 16 ans ayant un antécédent d’infection par la dengue,
- les adultes de 17 à 60 ans ayant des comorbidités, avec ou sans antécédent d’infection,
- pour les enfants drépanocytaires, âgés de 6 à 16 ans, sans antécédent de dengue, la vaccination peut être envisagée au cas par cas.
Surveiller
La HAS recommande une surveillance clinique étroite des personnes drépanocytaires ayant bénéficié de la vaccination par Qdenga. Elle rappelle que les personnes vaccinées par Qdenga doivent continuer à appliquer des mesures de protection individuelle contre les piqûres de moustiques (répulsifs, vêtements longs, moustiquaires…).