1 - L’émergence de la résistance aux antibactériens pourrait compromettre de nombreux progrès de la médecine moderne et devenir une des principales causes de décès dans le monde si les mesures de lutte contre l’antibiorésistance ne sont pas appliquées.
2 - Même s’il existe de grandes disparités d’un continent à l’autre, le risque d’émergence de bactéries résistantes aux antibiotiques concerne toute la planète : la mondialisation permet la circulation rapide de bactéries multirésistantes, ce qui impose des efforts concertés.
3 - La concertation des efforts doit également s’appliquer au-delà de la médecine humaine : le risque d’acquisition de bactéries multirésistantes au contact du monde animal et de l’environnement a rendu nécessaire une approche « One Health », qui passe notamment par une collaboration plus étroite entre médecins et vétérinaires.
4 - La France a fait des progrès importants dans le domaine du bon usage des antibiotiques ces dernières années, particulièrement en milieu hospitalier. Cette prise de conscience tardive par rapport à d’autres pays commence à porter ses fruits : l’usage plus raisonné des antibiotiques a été suivi d’une amélioration de certains indicateurs de résistance. Mais beaucoup reste à faire…
5. Des moyens dédiés sont désormais consacrés au bon usage des antibiotiques en France, avec l’essor des centres régionaux en antibiothérapie (CRAtb) et des équipes multidisciplinaires en anti­biothérapie (EMA), outils majeurs de l’amélioration du bon usage, en ville comme à l’hôpital.
6. Parmi les mesures simples et sans danger pour réduire les consommations d’antibiotiques, le raccourcissement de la durée des antibio­thérapies courantes est un levier puissant : des études randomisées de qualité ont permis de raccourcir drastiquement les durées recommandées pour les infections urinaires, pulmonaires, cutanées, ostéoarticulaires et digestives.
7. Pour la grande majorité des infections bactériennes traitées en ville, l’antibiothérapie ne doit pas dépasser sept jours. Cet indicateur simple permet de suivre l’application de cette règle ­primordiale du bon usage des antibiotiques : le respect des durées recommandées.
8. Le bon usage des antibiotiques repose sur un bon diagnostic, ce qui n’est pas simple, sachant que 90 % des antibiothérapies sont prescrites en l’absence de documentation bactériologique. Cet écueil pourra s’amoindrir avec l’essor de tests diagnostiques rapides disponibles sur le site de consultation. Ceux-ci restent limités, en pratique, en 2024, aux tests angine et à la bandelette urinaire.
9. Les modalités de rendu des antibiogrammes ont été modifiées en profondeur depuis 2020 : désormais, les trois catégories ne sont plus « sensible », « intermédiaire » et « résistante », mais « sensible à posologie standard », « sensible à forte posologie » et « résistante ». Cette évolution cherche à mieux guider les prescriptions, avec la mise à disposition d’un tableau précisant ce qu’on entend par posologies standard et fortes.
10. La phagothérapie repose sur l’utilisation, en thérapeutique, de virus qui infectent et tuent les bactéries. Les phages présentent, en théorie, l’intérêt d’être très spécifiques de la bactérie ciblée (pas ou peu d’impact sur le microbiote) et de disparaître lorsque la bactérie ciblée est éradiquée. En 2024, la phagothérapie n’est proposée qu’à titre compassionnel, en traitement de sauvetage de situations infectieuses en impasse, ainsi que dans des protocoles de recherche. Il n’existe aucune indication thérapeutique reconnue.