Imaginons que, dans le cadre de votre pratique, l’une de vos patientes, âgée de 43 ans, vous annonce qu’elle vient de subir une annexectomie totale de réduction de risque. Vous l’interrogez sur les raisons de cette chirurgie alors qu’elle ne présentait aucun problème gyné­cologique. Elle vous informe alors être porteuse asymptomatique d’un variant pathogène (également appelé mutation) de BRCA1, gène de prédisposition au cancer du sein et de l’ovaire. Sa sœur est en rémission d’un cancer du sein diagnostiqué alors qu’elle avait 37 ans, et sa mère a récemment développé un cancer de l’ovaire à 63 ans (figure). C’est dans ce contexte que le variant pathogène BRCA1 a été identifié chez cette dernière au niveau constitutionnel, c’est-à-dire dans son propre patrimoine génétique, avec présence du variant dans toutes les cellules du corps.
Apprenant par sa mère l’existence de ce variant pathogène, la patiente a pris rendez-vous auprès d’une équipe spécialisée d’oncogénétique. Lors de la consul­tation, après conseil génétique et recueil de son consen­tement écrit, un prélèvement sanguin a été réalisé pour un diagnostic présymptomatique. Le résultat est revenu positif. Sa sœur a entrepris la même démarche et elle est également porteuse.

BRCA1 et BRCA2, principaux gènes de prédisposition au cancer de l’ovaire

Quelles implications pour la porteuse ?

Les autres gènes de prédisposition sont plus rarement impliqués

Un suivi régulier s’impose, même après une annexectomie

Références

Résumé

Environ 15 % des cancers de l’ovaire sont d’origine héréditaire, c’est-à-dire causés par un variant pathogène constitutionnel dans un gène de prédisposition au cancer de l’ovaire. BRCA1 et BRCA2 sont les principaux gènes, avec un risque cumulé de cancer ovarien avant l’âge de 80 ans de respectivement 44 % et 17 % ; cette prédisposition justifie une annexectomie de réduction de risque avant la ménopause chez les porteuses asymptomatiques. Il existe d’autres implications de l’identification d’un variant pathogène dans BRCA1/BRCA2 : les porteuses ont un excès de risque de cancer du sein motivant un dépistage renforcé par imagerie par résonance magnétique (IRM) mammaire, voire une mastectomie de réduction de risque pour les femmes demandeuses. Par ailleurs, en cas de cancer survenant dans ce contexte génétique, il est possible d’administrer, sous certaines conditions, un traitement ciblé par inhibiteur de poly-(ADP-ribose) polymérase (PARP), en complément de la chirurgie et/ou de la chimiothérapie. RAD51C, RAD51D, PALB2 et les gènes de réparation de mésappariement de base (mismatch repair [MMR] du syndrome de Lynch) sont d’autres gènes de prédisposition au cancer de l’ovaire. Ils sont cependant plus rarement impliqués et sont associés, sauf cas particulier, à des risques cumulés moindres que ceux de BRCA1/BRCA2.