Les changements climatiques et démographiques font craindre des épidémies émergentes, ce qui incite à une veille sanitaire internationale réactive et proactive. C’est pour le virus Zika que les preuves d’excrétion du virus dans le sperme et de transmission sexuelle sont les plus nombreuses, mais d’autres virus sont aussi concernés, avec des conséquences possibles chez les partenaires sexuels, les foetus et les nouveau-nés.Le tractus génital masculin est un organe particulier car les barrières hématotesticulaire et hémato-épididymaire limitent l’accès de cellules immunitaires, réduit la diffusion de certaines molécules effectrices (anticorps, cytokines, médicaments, toxiques) créant ainsi un environnement propice non seulement à la spermatogenèse mais aussi à la persistance d’agents pathogènes. Ainsi, il peut rester dans le sperme humain, à distance de l’épisode aigu, de l’ARN viral et du virus compétent exposant à un risque de transmission sexuelle retardée de plusieurs semaines ou mois après l’épisode infectieux. Ce risque démontré pour les virus Zika ou Ebola, est soupçonné pour de nombreux autres agents (dengue, chikungunya, fièvre jaune, Mpox, Sars-CoV- 2…).Au-delà des conséquences potentielles de l’infection sur la spermatogenèse, la persistance du virus dans le sperme a des implications en matière de procréation, qu’elle soit naturelle ou médicalement assistée.Les politiques de santé publique doivent intégrer la recherche du génome viral dans le sperme dans l’algorithme de décision pour la prise en charge clinique et les stratégies de prévention individuelle et collective. Ainsi pour les survivants du virus Ebola, l’Organisation mondiale de la santé préconise-t-elle l’abstinence sexuelle ou des rapports protégés durant douze mois ou une surveillance mensuelle du sperme avec l’obtention de deux prélèvements sans génome viral avant de lever les restrictions concernant les rapports sexuels.

Louis Bujan, médecine et biologie de la reproduction, Toulouse, France

7 octobre 2025