Il n’existe actuellement ni recommandation nationale ou internationale pour l’admission dans un service de réanimation de patients de plus de 80 ans ni score de sévérité pronostique spécifique aux patients âgés. Cette revue envisage successivement les spécificités des patients âgés avant d’aborder la question des critères et conditions d’admission dans un service de réanimation. Pendant le séjour de réanimation, l’intensité des traitements doit être réévaluée et des décisions de limitations de traitement peuvent être prises. Enfin, le meilleur critère de jugement du bien-fondé des décisions est le pronostic vital mais aussi fonctionnel, ainsi que la qualité de vie à long terme pour le patient et pour son entourage. L’établissement d’un score de fragilité, inspiré du « clinical frailty scale » canadien en 9 grades, est d’un grand intérêt pour caractériser la personne âgée au-delà de la seule notion de son âge, ainsi qu’il est illustré notamment par une étude prospective européenne portant sur 1 346 malades atteints par la Covid-19. Un algorithme est proposé qui intègre toutes ces étapes et vise à éclairer les décisions pour les praticiens mais aussi pour les patients et leur famille. Les évolutions démographiques actuelles et à venir, ainsi que les contraintes financières, ne permettront pas de faire l’économie de cette réflexion. Il est souhaitable d’ouvrir un débat sociétal relayé par l’Académie nationale de médecine et s’appuyant sur les travaux nationaux et internationaux les plus récents.

Bertrand Guidet, Sorbonne Université, Inserm, Institut Pierre Louis d’épidémiologie et de santé publique, hôpital Saint-Antoine, service de réanimation, Paris

20 octobre 2020