Une étude rétrospective américaine a étudié la présence de certains perturbateurs endocriniens dans les urines des enfants après application de laits, crèmes et autres produits cosmétiques. Les résultats incitent à la prudence...

Composés chimiques utilisés principalement comme plastifiants et omniprésents dans les produits industriels (dont certains cosmétiques), les phtalates sont considérés comme des perturbateurs endocriniens. Selon une étude récente, environ 15 % des grossesses prématurées aux États-Unis seraient attribuables à l’exposition prénatale à ces substances. Mais ce n’est pas tout : ces composés pourraient aussi entraver le neurodéveloppement et le développement physique chez l’enfant.

Pour préciser le lien entre l’usage de produits cosmétiques et la présence subséquente de phtalates dans l’organisme des jeunes enfants, des chercheurs ont fait appel à une grande cohorte américaine mère-enfant, la cohorte ECHO-FGS.

Entre 2017 et 2019, les échantillons urinaires de 630 enfants âgés de 4 à 8 ans (âge moyen = 6,75 ans ; 51,90 % de filles) ont été analysés pour rechercher 16 métabolites des phtalates, tandis que les mères ont été interrogées sur l’application de produits cosmétiques à leurs enfants dans les 24 heures précédant le prélèvement urinaire. Les auteurs ont ensuite évalué le lien entre l’usage des cosmétiques et les niveaux de phtalates post-prélèvement chez ces enfants, en prenant en compte plusieurs facteurs confondants (âge, sexe, IMC, ethnicité rapportée, niveau d’études maternel).

Les résultats ont été publiés dans Environmental Health Perspectives . Il en ressort que des laits corporels étaient fréquemment appliqués aux enfants (43 %) ; les produits capillaires, crèmes solaires et huiles l’étaient moins souvent (respectivement 7,5 %, 5,9 % et 4,3 %). L’usage de ces différents types de cosmétiques dans les 24 h précédant le prélèvement urinaire était associé à une augmentation significative de différents métabolites urinaires des phtalates.

Selon les auteurs, ces résultats permettent d’informer les parents afin qu’ils limitent l’exposition de leurs enfants à des substances toxiques pour leur développement, mais aussi les politiques pour encourager une meilleure régulation de ces produits.

En Europe, certains d’entre eux (mais pas tous !) sont bannis de la fabrication des produits cosmétiques, mais la réglementation n’est pas toujours respectée notamment pour les produits achetés en ligne (d’autres pays n’ont pas les mêmes interdictions).

Ces résultats appellent à la vigilance, notamment face à la nouvelle mode de la « routine beauté » qui explose chez les préadolescentes – les réseaux sociaux et le marketing des industriels aidant –, soulevant des inquiétudes quant à leur exposition à des substances potentiellement nocives. Des études doivent encore être réalisées pour évaluer ces expositions et leurs effets dans ces populations.

Pour en savoir plus
Bloom MS, Clark JM, Pearce JL, et al. Impact of Skin Care Products on Phthalates and Phthalate Replacements in Children: the ECHO-FGS.  Environ Health Perspect 2024;132(9):097001.