Un militaire de 24 ans est vu en consultation avant un départ en mission. Il s’agit de la visite réglementaire à effectuer dans le mois précédant un départ en opération extérieure,1 qui permet de rechercher d’éventuelles contre-indications au départ, de réaliser les vaccinations nécessaires et de délivrer des informations sanitaires sur la zone de mission.
Une éruption cutanée est constatée par l’infirmier. Il est alors orienté vers le médecin avant toute réalisation de vaccin.
Ce patient n’a ni allergie ni antécédent personnel particulier. Il ne prend aucun traitement. Sur le plan familial, on relève une maladie de Crohn chez son père ainsi qu’un psoriasis chez son frère. Il a récemment effectué un  voyage au Japon durant lequel il allègue une exposition sexuelle à risque.
Cliniquement, une éruption maculo-papuleuse centimétrique est mise en évidence au niveau des deux membres inférieurs. Elle évolue depuis un mois, et est apparue à la suite d’un exercice de six jours dans un camp militaire en Moselle. Sa progression a été ascendante, de manière symétrique, jusqu’au torse. Les lésions, non prurigineuses, sont légèrement squameuses. Aucun épisode infectieux n’a précédé l’éruption. Le patient est apyrétique et ne montre ni manifestation extracutanée, ni perte de poids, ni atteinte muqueuse ou adénopathie.
Une précédente consultation avait abouti à un traitement par kétoconazole gel en récipient unidose, sans amélioration de la symptomatologie. 
Compte tenu du tableau clinique, des éléments anamnestiques (exposition sexuelle à risque) et des antécédents familiaux (maladie de Crohn et psoriasis), le bilan biologique suivant est prescrit : hémogramme, ionogramme, urée, créatininémie, CRP, bilan hépatique, TSH, électrophorèse des protéines sériques, antigène p24, sérologies hépatites A, B, C, E, VIH 1 et 2, EBV, CMV, parvovirus B19, toxoplasmose, syphilis.2  Celui-ci ne met en évidence aucun syndrome inflammatoire biologique, de séropositivité VIH ou de séroconversion récente à EBV, syphilis ou hépatite virale. Le diagnostic de pityriasis rosé de Gibert3 est posé.
Texte

Le pityriasis rosé de Gibert est une dermatose bénigne de cause inconnue, souvent associée à une infection virale (herpèsvirus 6 et 7). Il touche principalement les jeunes adultes et se manifeste par une éruption cutanée érythémato-squameuse4 centimétrique évoluant en plusieurs phases. La maladie dure six à huit semaines, généralement sans autre symptôme, bien que des démangeaisons puissent survenir. Un traitement est rarement nécessaire, la guérison est spontanée.

Chez ce patient, les lésions ont ainsi été résolutives en quelques jours. Les vaccins initialement prévus ont pu être réalisés trois semaines plus tard, permettant un départ en mission. 

Références 
1. Décret n° 2023-736 du 8 août 2023 relatif aux compétences vaccinales des infirmiers, des pharmaciens d’officine, des infirmiers et des pharmaciens exerçant au sein des pharmacies à usage intérieur, des professionnels de santé exerçant au sein des laboratoires de biologie médicale et des étudiants en troisième cycle des études pharmaceutiques. 
2. Timsit FJ, Janier M, Vernay-Vaisse C, et al. Primary HIV infection. Ann Dermatol Venereol 2016;143(11):749-51. 
3. Villalon-Gomez JM. Pityriasis Rosea: Diagnosis and Treatment. Am Fam Physician 2018;97(1):38-44.
4. Urbina F, Das A, Sudy E. Clinical variants of pityriasis rosea. World J Clin Cases 2017;5(6):203-11. 

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