La polydipsie psychogène (ou potomanie) indique la perte de contrôle dans la consommation d’eau et d’autres boissons. Elle peut être associée à un trouble psychiatrique, avoir une cause iatrogène ou être simplement liée à des erreurs d’interprétation des consignes d’hydratation. Les conséquences peuvent être dramatiques. Tour d’horizon sur les symptômes et la prise en charge dans cette fiche.

La polydipsie psychogène (ou potomanie) désigne un comportement où l’ingestion d’eau en très grande quantité n’est pas expliquée par une déshydratation. Attention donc : avant d’évoquer le diagnostic, il faut éliminer une polyurie (par ex : diabète, traitement par lithium ou diurétique). Dans ce cas, l’augmentation des apports en eau compense l’augmentation des sorties.

Quels risques ?

Les volumes ingérés peuvent être tellement importants qu’ils débordent les capacités d’élimination des reins (> 0,8 à 1 litre/heure). Le risque est alors la survenue d’une hyponatrémie par dilution, pouvant entraîner un œdème cérébral avec des complications plus ou moins graves selon sa sévérité :

  • céphalées,
  • nausées,
  • syndrome confusionnel,
  • crise convulsive,
  • coma pouvant entraîner le décès.

Contextes favorisants

La polydipsie psychogène peut se rencontrer dans différentes conditions psychiatriques :

  • La schizophrénie est la pathologie la plus souvent concernée : la polydipsie psychogène est un symptôme relativement fréquent de ce trouble, par des mécanismes encore mal compris. La désorganisation psychique est probablement impliquée, avec des perturbations de l’intégration des sensations corporelles et de l’organisation du comportement. Des idées délirantes ou des hallucinations cénesthésiques peuvent aussi entraîner l’apparition de ce comportement.
  • La polydipsie psychogène peut aussi être observée dans d’autres troubles du neurodéveloppement comme le trouble du spectre autistique.
  • Des facteurs iatrogènes peuvent être impliqués, notamment la sécheresse buccale induite par les médicaments à effet anticholinergique (cyamémazine, hydroxyzine, antidépresseurs tricycliques, etc.).
  • Parfois, il s’agit juste d’erreurs d’interprétation de consignes d’hydratation comme « buvez le plus possible » données en cas de canicule.

Plusieurs facteurs sont aggravants, en diminuant par un effet antidiurétique les capacités rénales d’élimination et/ou le risque d’hyponatrémie :

  • tabagisme,
  • régime sans sel,
  • antidépresseurs agissant sur la sérotonine,
  • psychostimulants,
  • carbamazépine,
  • diurétiques thiazidiques,
  • hypopression atmosphérique en avion.

Prise en charge

Elle repose sur :

  • La restriction hydrique : elle peut être complexe dans les situations où il y a perte de contrôle du comportement, avec un véritable « craving  » (envie irrépressible) qui par définition n’est pas contrôlable par la volonté.
  • La surveillance régulière du poids, une prise très rapide traduisant une rétention d’eau doit alerter sur les risques de complication.
  • La réduction de la charge anticholinergique : des calculateurs de charge peuvent être utilisés, par exemple : https ://www.omedit-paysdelaloire.fr/documentation/calculateur-de-charge-anticholinergique-dune-prescription-omedit-pdl- 2022/.
  • L’instauration ou l’adaptation du traitement antipsychotique : en effet, il est important de garder en mémoire que la polydipsie psychogène peut être un symptôme d’un trouble, notamment de la schizophrénie, au même titre que les idées délirantes ou les hallucinations. En cas de résistance de ce symptôme, la clozapine est recommandée, sur la base de nombreuses observations cliniques publiées au cours des dernières décennies.

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