En consultation, la langue parlée est parfois ordinaire, souvent technique ; le patient y évoque son vécu, le sensible et l’intime.

Dans cet ouvrage, dirigé par Mylène Blasco, professeure en sciences du langage à l’Université Clermont Auvergne, linguistes, sociologues et médecins s’interrogent sur la place de la langue et le poids de la parole dans le soin. La première partie présente des concepts propres à la pragmatique du langage et montre sa pertinence dans la relation de soin. Puis l’importance de la première consultation est soulignée ; la place et la fonction de l’empathie précisées. Pour parler avec lui, il faut évidemment écouter le patient ; les auteurs nous guident vers une écoute singulière optimale. Praticiens, nous avons des tics de langage, des petits mots qui pourraient paraître anodins mais qui ne le sont peut-être pas tant que cela. « Un peu » en est un des exemples, il est analysé, comme d’autres tout aussi évocateurs de nos pratiques langagières. Des vignettes cliniques permettent également de comprendre en quoi parler ne permet pas seulement la transmission d’informations et d’émotions mais est aussi un véritable engagement du corps. 

À la lumière de cet ouvrage, on comprend pourquoi Mylène Blasco milite pour que la formation médicale intègre une réflexion sur le langage, la langue, la parole afin de pouvoir communiquer avec le patient de manière consciente et raisonnée. Plus largement, les auteurs plaident pour que les études de médecine refassent une place aux humanités. La lecture des grandes œuvres littéraires nous permet en effet de ressentir des émotions universelles, de percevoir les affects incarnés dans des singularités (les personnages comme des « cas médicaux »), de nous ouvrir à l’autre, « semblable et pourtant différent ».

K. D.

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