Les gabapentinoïdes sont de plus en plus prescrits chez les personnes âgées souffrant de douleurs neuropathiques. Bien qu’ils soient considérés comme plus sûrs que les opioïdes, leur profil de tolérance dans cette population est mal connu. Une étude cas-témoins originale parue dans le JAMA a évalué l’association entre leur utilisation et le risque de fractures de la hanche chez les plus de 65 ans.

Les gabapentinoïdes, principalement la prégabaline et la gabapentine, sont de plus en plus prescrits pour le traitement des douleurs neuropathiques et chroniques, notamment chez les personnes âgées. Toutefois, les données manquent concernant les risques de fracture de hanche associés à leur usage. Pourtant, leurs effets secondaires de somnolence, nausée et vertige – autant de facteurs pouvant augmenter le risque de chute et de fracture chez les patients âgés fragiles – sont connus.

Afin d’y voir plus clair, des pharmaciens et des épidémiologistes australiens ont fait appel à un nouveau protocole d’étude rétrospective sur des patients ayant subi une fracture de la hanche et ayant reçu auparavant une prescription de gabapentinoïde. Cette étude cas-témoins auto-contrôlée a comparé l’odds ratio (OR) de fracture entre deux situations : prescription de gabapentinoïde dans la période index (1 - 60 jours avant la fracture) et prescription de gabapentinoïde dans une période plus ancienne de référence (121 - 180 jours avant la fracture). L’intérêt de l’auto-contrôle est d’éviter les biais de sélection d’une population témoin, tout en quantifiant les effets de médicaments prescrits sur le long terme.

Sur les 28 293 patients de plus de 50 ans hospitalisés pour une première fracture de la hanche entre mars 2013 et juin 2018 dans l’état du Victoria en Australie, 2 946 patients (71,2 % de femmes ; 59,5 % d’âge ≥ 80 ans) se sont vu prescrire des gabapentinoïdes : prégabaline (95 % des cas) ou gabapentine. La prescription de gabapentinoïdes dans la période index vs dans la période de référence était associée avec un OR significativement plus élevé de fracture de la hanche (OR = 1,96 ; IC95 % = [1,66 ; 2,32]).

Après ajustement par la période d’exposition aux gabapentinoïdes et par l’usage d’autres médicaments du système nerveux central, l’OR de fracture de la hanche est resté significativement plus élevé après prescription de gabapentinoïdes (OR = 1,30 ; IC95 % = [1,07 ; 1,57]). En prenant en compte ces facteurs confondants, l’association entre prescription de ces médicaments et la fracture de la hanche était particulièrement élevée dans les sous-groupes des patients fragiles (score de fragilité HFRS ≥ 5 : OR = 1,75 ; IC95 % = [1,31 ; 2,33]) et de ceux souffrant d’insuffisance rénale chronique (OR = 2,41 ; IC95 % = [1,65 ; 3,52]).

Malgré les limitations de cette recherche – pas de renseignement sur la prise réelle par les patients des médicaments prescrits ; étude dans un seul État australien –, les auteurs en concluent que les gabapentinoïdes devraient être prescrits avec prudence chez les patients à risque de fracture de hanche.

Pour en savoir plus
Leung MTY, Turner JP, Marquina C, et al. Gabapentinoids and Risk of Hip Fracture.  JAMA Netw Open 2024;7(11):e2444488.