Les consommations d’alcool et de drogues existent aussi en milieu de travail. Elles concernent tous les secteurs, toutes les catégories socioprofessionnelles et tous les régimes (régime général, régime agricole, fonctions publiques), sans se limiter aux postes à risque. Les conséquences sont multiples : accidents de travail, absentéisme, problèmes relationnels (avec les clients, l’encadrement ou entre collègues) et licenciements. Le coût social est important.
Si les substances licites (alcool, tabac) et illicites (THC, cocaïne) ainsi que les médicaments psychotropes sont les plus consommés en population active, toutes les autres substances psychoactives (cannabidiol, protoxyde d’azote…) sont concernées. Les effets recherchés sont variables : anxiolytique, hypnotique, psychostimulant et antalgique.
Quelques données épidémiologiques
Le risque d’accidents du travail graves est doublé à partir d’une consommation quotidienne de 2 verres chez la femme et de 4 verres chez l’homme. La conduite sous l’influence de l’alcool multiplie par 17,8 le risque d’être responsable d’un accident routier mortel. Celle sous l’emprise du cannabis entraîne un sur-risque de 1,65. En cas de trouble de l’usage d’alcool, les troubles exécutifs isolés (planification, flexibilité mentale, inhibition) sont fréquents (deux tiers des cas).
La co-occurrence d’un trouble de l’usage de substances psychoactives et d’un trouble psychiatrique concerne environ 3 % de la population générale. Il est donc important d’évaluer les consommations des patients travailleurs ayant une pathologie psychiatrique et d’être vigilant sur l’existence de troubles psychiatriques chez les usagers de substances psychoactives.
Facteurs de risque
Les facteurs professionnels favorisant les usages de substances psychoactives sont :
- leur disponibilité (pots avec alcool et repas d’affaires ou séminaires) et accessibilité (fabrication, vente et distribution de substances psychoactives comme l’alcool, le tabac, les médicaments psychotropes...) ;
- certaines conditions de travail : temps de travail partiel, horaires atypiques, efforts physiques importants, travail au contact du public, risques psychosociaux (stress...).
Repérage et évaluation individuelle
L’existence d’un usage à risque ou d’un trouble de l’usage d’une substance psychoactive doit conduire à rechercher des polyconsommations. En cas de prise de traitement psychotrope, il faudrait évaluer, avec l’accord du travailleur, les effets de ce traitement sur son état de vigilance, dans un objectif de prise en charge et de maintien en emploi.
Sous réserve du consentement du travailleur, le médecin du travail peut accéder à son dossier médical partagé.
Maintien en emploi
En cas de trouble de l’usage de substances psychoactives et de décision de maintien au poste ou d’aménagement de celui-ci, il est recommandé de proposer une orientation adaptée vers un accompagnement médical ou médicosocial, ainsi qu’un suivi individuel.
En cas d’incapacités liées à des dommages physiques, psychiques ou cognitifs associés à l’usage de substances psychoactives, le travailleur doit être informé sur la possibilité de demande :
- de reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé (RQTH) ;
- d’invalidité, à l’appréciation du médecin-conseil, avec possibilité de maintien d’une activité professionnelle à temps partiel.
La fiche à destination des généralistes est téléchargeable ici : Outil n°1 pour les médecins généralistes, addictologues et acteurs de soins primaires
HAS. Usage des substances psychoactives : prévention en milieu professionnel. Outil n°1 pour les médecins généralistes, addictologues et acteurs de soins primaires. 12 juin 2025.
HAS. Usage des substances psychoactives : prévention en milieu professionnel. Recommandation. 12 juin 2025.