Les probiotiques font l’objet d’un intérêt croissant. Si leur utilisation dans le traitement de symptômes gastro-intestinaux est la plus étudiée, l’interaction entre le microbiote intestinal, les processus inflammatoires et la réponse immunitaire suggère qu’ils pourraient aussi être employés dans le traitement de plusieurs infections non limitées aux gastro-intestinales.
Une étude, conduite en Italie entre 2021 et 2023, a donc évalué l’efficacité d’un mélange de probiotiques – contenant Bifidobacterium breve M- 16V Bifidobacterium lactis HN019 et Lactobacillus rhamnosus HN001 – dans la réduction de la durée de la fièvre chez les enfants souffrant d’infections des voies respiratoires supérieures (IVRS).
Pour cet essai randomisé à double insu et contrôlé contre placebo, les chercheurs ont recruté 128 patients ayant entre 28 jours et 4 ans (54 % de garçons ; âge moyen : 2,5 ans) et souffrant d’une IVRS avec une fièvre ³ 38,5 °C. L’utilisation récente de probiotiques, les maladies auto-immunes chroniques, un traitement immunosuppresseur ou la nécessité d’une hospitalisation étaient des critères d’exclusion.
Les enfants du groupe traité (N = 63) recevaient une dose unique quotidienne par voie orale du mélange de probiotiques (0,5 mL ou 1,5 g) pendant 14 jours. Le reste (N = 65) recevait un placebo à la même fréquence. Le critère principal de jugement était la durée de la fièvre, mesurée 3 fois par jour par voie rectale.
Résultats : la durée médiane de la fièvre était plus courte dans le groupe « probiotiques » que dans le groupe placebo, avec 3 jours (écart interquartile : 2 - 4 jours) contre 5 jours dans le second (écart interquartile : 4 - 6 jours). Les auteurs n’ont pas observé de différence significative entre les résultats quels que soient le sexe, l’âge ou l’origine ethnique de l’enfant, ou le degré d’observance des patients (55 % ont été observants sur l’ensemble du protocole, 13 % l’ont été partiellement et 32 % ont abandonné l’essai).
Peu d’effets indésirables ont été rapportés, sans différence significative entre les deux groupes (probiotiques et placebo). Il s’agissait notamment de : constipation (respectivement 16 % et 12 % des patients) et des douleurs abdominales (8 % et 4 % respectivement).
Cette étude est donc le premier essai randomisé à montrer qu’un mélange probiotique peut être efficace pour raccourcir la durée de la fièvre d’environ 2 jours chez les enfants souffrant d’infections respiratoires supérieures. Ces données contredisent les résultats de travaux précédents qui n’étaient pas en faveur du bénéfice des probiotiques en prévention des IVRS. Mais, contrairement à ces derniers, cette étude a inclus seulement des enfants ayant effectivement une IVRS avec fièvre.
Ces résultats pourraient s’expliquer par plusieurs mécanismes :
- renforcement de l’immunité humorale : plusieurs études ont montré qu’un mélange de probiotiques peut renforcer l’activité des macrophages et des cellules dendritiques et augmenter la production d’anticorps (IgA, IgG et IgM) ;
- les probiotiques comme les bifidobactéries et les lactobacilles peuvent moduler l’expression de cytokines (IL- 1, IL- 6, TNF) qui jouent un rôle clé dans l’apparition de la fièvre ;
- les probiotiques ont aussi montré une activité antivirale, dans des études cliniques, contre les virus respiratoires courants (SARS-CoV- 2, influenza, VRS).
D’autres essais randomisés sont nécessaires pour confirmer et approfondir ces résultats.