Un militaire âgé de 38 ans consulte pour un prurit oculaire de l’œil droit apparu quelques semaines auparavant. Il n’a pas eu de traumatisme oculaire. Il n’a pas d’antécédents. Il ne porte pas de correction optique (ni lunettes, ni lentilles). Il s’agit du premier épisode de ce type.
L’examen clinique retrouve un œil blanc, douloureux, avec une gêne à type de prurit et un épaississement de la cornée (figure). Il n’y a pas de baisse de l’acuité visuelle ou d’amputation du champ visuel. Il n’y a pas de corps étranger visible.

Le ptérygion est une prolifération tissulaire de la conjonctive sur la cornée, dont la forme est généralement triangulaire et régulière, située préférentiellement au niveau du limbe nasal de l’œil. Il s’agit d’une pathologie relativement fréquente, avec une prévalence d’environ 10 %.1 Les symptômes rapportés par le patient peuvent être multiples : rougeur oculaire d’apparition progressive, prurit, sécheresse oculaire ou larmoiement, sensation de corps étranger et fatigue ou inconfort visuel. Une baisse de l’acuité visuelle est également possible en cas d’atteinte de l’axe visuel, par astigmatisme induit ou par interruption du film lacrymal.2

Les principaux facteurs de risque sont l’exposition aux rayonnements ultraviolets – le ptérygion est souvent décrit comme la « pathologie du surfeur » –, les infections virales (papillomavirus, virus herpès simplex...), le sexe masculin, une prédisposition génétique, le stress oxydatif. 

Ces facteurs de risque induisent la production de cytokines pro-inflammatoires, de facteurs de prolifération cellulaire, de néo-angiogenèse et favorisent la diminution de l’apoptose cellulaire.1

Les principaux diagnostics différentiels sont le pseudo-ptérygion, la kératoconjonctivite phlycténulaire, la pinguécula et le carcinome à cellules squameuses de la conjonctive.3

Le traitement repose sur la photoprotection et l’éviction solaire. En cas de sécheresse ou d’irritation oculaire, la prescription de larmes artificielles permet de soulager l’inconfort. Les récidives sont fréquentes. Le gold standard, afin de limiter la récurrence, est l’excision du ptérygion avec autogreffe conjonctivale.2

Le ptérygion est un motif d’adressage sans urgence à un ophtalmologue. 

Références 
1. Solomon AS. Pterygium. Br J Ophthalmol 2006;90(6):665‑6.
2. Chu WK, Choi HL, Bhat AK, et al. Pterygium: New insights. Eye 2020;34(6):1047‑50.
3. Jackson A, Hawthorne C. Pterygium: A benign growth of the conjunctiva.Visual Journal of Emergency Medicine 2024;34(1):101915.

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