Sapin, bougies, crustacés, boissons alcoolisées... les fêtes de fin d’année peuvent représenter un défi pour les personnes allergiques. Comment s’en sortir si on est allergique ou si l’on invite un allergique aux réjouissances ?

Allergie au sapin de Noël

Cette notion est récente : il y a quelques années, le constat d’une augmentation des consultations pour crises d’asthme durant les 15 jours entourant Noël a interpellé. En 2011, le sapin naturel a été incriminé. En effet, ce dernier contient des spores de moisissures présentes sur son écorce qui se dispersent dans l’habitat chauffé. Celles-ci, en concentration importante, engendrent de nombreux symptômes ORL et/ou pulmonaires chez les personnes sensibilisées : rhinite, toux, dyspnée, crise d’asthme associée ou non à une conjonctivite. Les moisissures en cause sont le plus souvent l’Aspergillus, le Penicillium, le Cladosporium ou encore l’Alternaria.

La solution réside dans le choix d’un arbre de Noël synthétique en évitant de l’asperger de neige artificielle, source de pollution de l’air intérieur. Nettoyer le sapin naturel avant son entrée dans la salle est une autre option, mais elle est difficile à réaliser. De plus, l’arbre naturel ne doit pas rester plus de 15 jours à l’intérieur.

Un autre désagrément lié à la manipulation d’un sapin naturel est l’eczéma de contact à la résine présente sur le tronc : la colophane. Les lésions cutanées apparaissent dans les 48 heures sur les mains et le visage. Le diagnostic repose sur la réalisation de patch-tests à distance de l’épisode aigu. La positivité du test à la colophane s’accompagne souvent d’une réaction aux parfums, au baume du Pérou, à la térébenthine et aux lactones sesquiterpéniques.

Fragrances et bougies d’ambiance

Bougies, huiles essentielles, brumisateurs pour oreillers… les fragrances envahissent notre environnement. Cependant pour les allergiques et asthmatiques, elles peuvent s’avérer irritantes et nocives : non seulement elles sont source de pollution de l’air intérieur, mais elles peuvent induire un eczéma de contact.

Allergies aux crustacés

L’allergie aux crustacés est fréquente. Les manifestations cliniques IgE-médiées apparaissent dans les quelques minutes à 2 heures après le contact par ingestion, par inhalation de vapeur de cuisson, mais aussi par procuration ou contamination croisée. Il peut s’agir d’urticaire ou d’un angiœdème pouvant évoluer vers une réaction anaphylactique sévère.

La tropomyosine est l’allergène majeur (thermostable) en cause. Chaque crustacé possède sa propre tropomyosine avec des similarités de structure plus ou moins importantes avec celles des autres, ce qui explique les nombreuses allergies croisées. Cette protéine est également à l’origine d’allergies croisées avec les acariens, les mollusques et les insectes comestibles.

Tests de dépistage : la crevette fait partie du mélange fx 28 du Trophatop enfant et du mélange fx 24 du Trophatop adulte. L’allergologue complète le bilan allergologique avec des tests cutanés.

Huîtres : intoxication ou SEIPA ?

Durant les festivités, le plat d’huîtres est souvent au programme. Cependant il faut pouvoir, dans certaines circonstances, distinguer une intoxication alimentaire d’un possible SEIPA (syndrome d’entérocolite induit par les protéines alimentaires). Le premier cas documenté de SEIPA aux mollusques date de 2012. Plus récemment, des observations liées à la consommation d’huîtres sont répertoriées en France avec un passage aux urgences dans 16,7 % et en réanimation dans 2,7 % des cas. La fréquence d’allergie alimentaire non IgE-médiée est vraisemblablement sous-estimée ; la diarrhée profuse (atteinte individuelle) peut être confondue à tort avec une intoxication alimentaire qui généralement touche plusieurs convives lors d’un repas. Dans les formes sévères, en raison du risque de déshydratation, une hospitalisation est nécessaire.

Allergie au vin

Hormis les allergènes du raisin, d’autres protéines allergisantes peuvent être introduites au cours des différentes étapes de vinification : levure, colles œnologiques d’origine animale (blanc d’œuf, colle de poisson, caséine) ou végétales… Des réactions allergiques IgE-médiées, certes rares, peuvent aller de l’urticaire jusqu’à l’anaphylaxie à l’effort.

Concernant les tests allergologiques, les prick-tests avec la boisson suspectée sont complétés par un dosage des IgE spécifiques : IgE anti-malt (f 90), IgE anti-Saccharomyces cerevisiae (f 45), IgE anti-maïs (f 8), IgE anti-rouge carmin de cochenille (f 340). Il faut éliminer l’hypothèse d’une allergie alimentaire où la prise d’alcool est un co-facteur aggravant.

Attention à ne pas confondre l’allergie avec deux tableaux cliniques qui ne sont pas allergiques :

  • l’ « Asian flush syndrome  », qui atteint une partie de la population d’origine asiatique, est lié à un déficit enzymatique héréditaire en aldéhyde déshydrogénase 2 (ALDH2). Les symptômes sont très parlants avec, dès les premières gorgées, l’apparition d’une vasodilatation généralisée avec un érythème du visage, du tronc et des membres, une tachycardie, des céphalées parfois associées à des vomissements. La surstimulation des mastocytes par accumulation d’acétaldéhyde peut entraîner une bronchoconstriction ;
  • l’intolérance aux sulfites (E220 à E228), additifs utilisés de longue date pour limiter la prolifération bactérienne. Ils peuvent être responsables chez 1 personne sur 500 de : maux de tête, obstruction nasale, crise d’asthme, gastralgie, érythème du visage.

Recevoir un allergique à sa table

Lorsque l’un des convives est allergique alimentaire, il faut respecter quelques consignes pour ne pas stigmatiser la personne et éviter tout accident durant le réveillon.

Dans un premier temps, la personne qui reçoit doit s’enquérir des ingrédients qui sont interdits à son invité(e) afin de ne pas les inclure,même en petite quantité, dans le menu. Lors de l’achat, la lecture des étiquettes (sur les produits préemballés ou vendus en vrac) doit être soigneuse (encadré ci-dessous).

Lors de la préparation du repas, deux solutions possibles :

  • Préparer des plats sans aucun allergène pour tous les invités. De nombreux sites web ou livres proposent des recettes adaptées à cette situation (encadré).
  • Opter pour un repas mixte avec une préparation spéciale pour le ou les allergique(s). Dans ce cas, il faut éviter les risques de contamination croisée, en l’occurrence sur le plan de travail et les ustensiles de cuisine (surtout avec l’arachide et la farine de blé pour les allergiques à ces aliments).

Il est important que l’entourage de l’allergique connaisse les symptômes d’alerte de la réaction anaphylactique ainsi que le maniement du stylo auto-injecteur d’adrénaline, qui doit toujours être à portée de main.

Vigilance vis-à-vis des cacahuètes  : non seulement elles sont proscrites (à l’apéro notamment), mais il faut se méfier de l’allergie « par procuration » : bien nettoyer les surfaces, respecter un délai minimum de 5 heures entre l’ingestion d’arachide et un baiser avec une personne qui y est allergique.

Encadre

Préparer un repas sans allergènes

Allergodiet est un groupe de diététiciennes travaillant avec la Société française d’allergologie. Sur leur site, vous trouverez des fiches pour un grand nombre d’aliments avec des renseignements sur comment faire ses courses et les évictions à réaliser : https ://allergodiet.org

Pour trouver des recettes sans les 14 ADO (allergènes à déclaration obligatoire) :

https ://allergiquegourmand.blog

Pour trouver produits sans les allergènes majeurs et/ou farines sans gluten :

https ://www.maviesansgluten.bio

https ://www.exquidia.com

https ://www.sansallergene.com

https ://www.lamarmottegourmande.fr

D’après
Quéquet C. Allergie aux crustacés.  Rev Prat (en ligne) 14 mars 2024.
Quéquet C. Quand les allergies s’invitent aux réveillons. Rev Prat (en ligne) 19 décembre 2023.
Une version téléchargeable de cette fiche est disponible sur ce lien : Fiche pratique : quelles précautions en cas d’allergie aux crustacés ?
Quéquet C. Allergie au vin ou intolérance aux sulfites ? Rev Prat (en ligne) 23 janvier 2024.
Quéquet C. L’allergie à l’arachide en 8 questions pratiques. Rev Prat (en ligne) 31 août 2023.

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