La gastroparésie est un trouble moteur caractérisé par un retard de vidange gastrique des solides en l’absence d’obstruction mécanique. Elle peut être secondaire à une pathologie (diabète, maladies neurologiques…), iatrogène ou post-chirurgicale, mais elle est idiopathique dans de nombreux cas.
Alors qu’elle est responsable de symptômes digestifs chroniques affectant sévèrement la qualité de vie, le diagnostic et la prise en charge de la gastroparésie idiopathique sont compliqués par la non-spécificité des symptômes et les données d’efficacité limitées concernant les traitements.
C’est pourquoi la Fondation Rome et plusieurs sociétés savantes de neuro-gastroentérologie du monde ont réuni récemment une conférence de consensus, afin de mieux définir les critères diagnostiques et recenser les traitements disponibles. Leurs conclusions ont été publiées dans le Lancet .
Diagnostiquer une gastroparésie idiopathique
Nausées et vomissements chroniques sont les symptômes dits « cardinaux » qui doivent faire évoquer une gastroparésie idiopathique.
S’ils peuvent coexister avec d’autres signes digestifs – satiété précoce, gêne postprandiale, ballonnement, douleur abdominale, perte de poids… –, les experts soulignent la prépondérance de ces deux symptômes pour éviter une confusion avec une dyspepsie fonctionnelle.
Toutefois, les symptômes de la gastroparésie étant aspécifiques, des examens complémentaires sont nécessaires pour poser le diagnostic :
- bilan biologique (hémogramme, glycémie, fonction rénale…) à la recherche de pathologies sous-jacentes telles que le diabète ;
- endoscopie normale pour écarter la présence d’un obstacle mécanique ;
- test de la vidange gastrique : la scintigraphie gastrique sur 4 heures reste la référence, mais un test respiratoire au carbone 13 est une alternative non irradiante validée ; les experts ne recommandent pas, en l’état actuel des connaissances, l’utilisation de vidéo-capsules motrices endoscopiques (type Smartpill). Avant le test, l’arrêt de médicaments favorisant un trouble de la motilité est nécessaire (v. encadré).
Enfin, en cas de perte de poids concomitante, il faut d’abord exclure un trouble du comportement alimentaire (TCA).
Prise en charge : surveiller le risque de régime hypocalorique
Après une revue de la littérature récente, les experts déplorent l’absence d’un traitement ayant fait ses preuves.
Ils recommandent donc notamment :
- une prise en charge diététique, en raison d’un risque de régime hypocalorique lié à la limitation des ingesta que pourrait entraîner la gêne digestive chronique. Des adaptations diététiques comme la réduction de la taille des morceaux peuvent être utiles ;
- l’arrêt des médicaments opioïdes, pour les patients souffrant de gastroparésie qui en prennent.
Ne sont pas recommandés : inhibiteurs de la pompe à protons, neuromodulateurs. Les antiémétiques et prokinétiques, bien que recueillant des avis plus favorables parmi les experts, ne sont pas formellement recommandés non plus, en raison d’une balance bénéfices-risques jugée défavorable dans de nombreux cas, ou bien d’une efficacité contre placebo insuffisamment démontrée.
Dans les cas de gastroparésie idiopathique réfractaire – définie comme la persistance de symptômes malgré la prise d’antiémétiques ou prokinétiques, avec restriction nutritionnelle et perte de poids –, il est recommandé d’écarter l’existence d’un TCA, d’une cause métabolique ou neurologique. Des traitements invasifs peuvent alors être envisagés : injections de toxine botulique, pylorotomie endoscopique, stimulation électrique sont parmi les options qui existent aujourd’hui, mais les experts avertissent que davantage d’études sur ces traitements sont encore nécessaires avant de pouvoir les recommander.
Enfin, le groupe appelle à conduire d’autres études également sur les options pharmacologiques afin de pouvoir apporter des réponses adéquates aux patients souffrant de ce trouble chronique et en impasse thérapeutique.
Médicaments ayant un effet sur la motilité gastrique
Prokinétiques
Dompéridone
Itopride
Mosapride
Métoclopramide
Prucalopride
Antalgiques opioïdes
Oxycodone
Hydrocodone
Morphine
Méthadone
Anticolinergiques ou antispasmodiques
Atropine
Dicyclovérine
Hyoscyamine
Lopéramide
Prométhazine
Belladone (phytothérapie)
Agonistes du GLP- 1
Dulaglutide
Exénatide
Sémaglutide
Liraglutide
Lixisénatide