Près de 60 % des cancers surviennent chez des patients âgés de plus de 65 ans. Mais le vieillissement est « individuel », avec des conséquences différentes pour chaque patient ayant des profils de risque variables. De plus, après 70 à 80 ans, les causes de mortalité non liées au cancer, même chez les patients ayant un cancer, deviennent prépondérantes, justifiant des attitudes thérapeutiques appropriées. Celles-ci vont actuellement de « on ne traite pas le cancer » à un enthousiasme thérapeutique mettant l’âge entre parenthèses, en passant par des positions plus nuancées.Dans ce contexte, il est nécessaire de procéder à un dépistage gériatrique systématique pour préciser la vulnérabilité du patient face aux thérapeutiques proposées. Le but de cette enquête gériatrique est de définir un groupe « en bonne forme » qui devrait bénéficier d’un traitement « normal » et un groupe « fragile » pour lequel le traitement devrait être ajusté, voire limité à un traitement de confort dans les cas extrêmes. D’autant que la notion d’acceptabilité du traitement n’est pas la même chez les patients âgés que chez les patients jeunes et, dans certains cas, les souhaits des patients âgés sont différents de ceux du médecin. Dans le service d’oncologie médicale du site Saint-Cloud de l’Institut Curie, l’évaluation gériatrique a permis une désescalade thérapeutique dans 66 % des cas.L’oncologie gériatrique impose un regard croisé nécessitant l’intégration des gériatres en réunion de concertation pluridisciplinaire (RCP). Actuellement, cette intégration est très variable d’un centre à l’autre et devrait être développée.

Étienne Brain, institut Curie, Saint-Cloud, France

11 octobre 2022