Les troubles bipolaires se caractérisent par une alternance de phases d’exaltation et de dépression, le risque majeur étant le suicide. Cette affection fréquente, qui se déclare chez l’adulte jeune, peut avoir un impact considérable sur les patients, du fait de la fréquence et de la sévérité des épisodes, des comorbidités psychiatriques et somatiques, des symptômes résiduels ou encore de l’altération des fonctions cognitives. Son traitement repose sur les régulateurs de l’humeur et des psychothérapies. Sa pathophysiologie implique des interactions gènes-environnement et est sous-tendue par des anomalies du système cortico-limbique. À l’heure actuelle, les modèles animaux qui permettraient d’en mieux comprendre les mécanismes cellulaires et moléculaires sont imparfaits, car ils n’explorent qu’une part limitée des dimensions qui constituent les troubles. Du fait de son caractère subjectif, l’évaluation de l’humeur est en effet le propre de l’homme et n’est donc pas accessible par l’expérimentation animale. Il est donc important d’étudier, à la fois chez l’homme et l’animal, les biais émotionnels, qui sont une caractéristique essentielle des troubles de l’humeur, en analysant la réponse à des stimuli hédoniques, quantifiables chez l’animal (comportements d’approche et d’évitement). L’amygdale joue un rôle essentiel pour déterminer la valeur hédonique d’un stimulus et déclencher le comportement le plus adapté. Un nouveau modèle des troubles bipolaires est ainsi proposé, fondé non plus sur l’humeur mais sur les réponses émotionnelles. Grâce à une meilleure approche pharmacologique, l’objectif est, à terme, de mettre au point des médications adaptées aux différents états psychotiques.

Chantal Henry, Perception and Memory Unit, Institut Pasteur, UMR3571, CNRS, Paris

15 février 2022

Une question, un commentaire ?