Le trouble de stress post-traumatique (TSPT) est un trouble psychique qui se développe à la suite de l’exposition à un événement traumatique. Bien que souvent associé aux anciens combattants, le TSPT peut survenir chez toute personne ayant vécu ou ayant été témoin d’événements traumatisants (agressions, catastrophes naturelles, accidents graves ou violences domestiques). Il est essentiel de comprendre les divers aspects de ce trouble, allant des facteurs déclenchants aux options de traitement, afin de mieux identifier et améliorer la prise en soin des patients atteints.
Un trouble pas si rare…
La prévalence du TSPT varie en fonction de la population étudiée et du type de traumatisme. Dans la population générale, la prévalence à vie est estimée entre 6 et 9 %.1 Les femmes sont deux fois plus susceptibles de développer un TSPT que les hommes après un événement traumatique.2 Chez les anciens combattants, la prévalence peut atteindre 30 % en fonction de l’intensité et de la durée de l’exposition au combat.3
Dans quel contexte y penser ?
Facteurs déclenchants, facteurs de risque et comorbidités du TSPT sont bien établis.
Facteurs déclenchants
Les facteurs déclenchants du TSPT incluent tout événement impliquant une menace réelle ou perçue pour la vie et/ou pour l’intégrité physique. Parmi les exemples courants, on trouve les combats militaires, les agressions physiques ou sexuelles, les accidents graves, les catastrophes naturelles (tremblements de terre, ouragans, volcans) et les actes terroristes.
Facteurs de risque
Les facteurs de risque du TSPT peuvent être regroupés en facteurs prétraumatiques, péritraumatiques et post-traumatiques.
Facteurs prétraumatiques
Antécédents de troubles mentaux, expériences traumatiques antérieures et facteurs génétiques et neurobiologiques sont les trois facteurs de risque prétraumatiques.
Les personnes ayant des antécédents de troubles anxieux ou dépressifs sont plus susceptibles de développer un TSPT.
Un traumatisme passé augmente la vulnérabilité à la survenue de nouveaux traumatismes.
Certaines variations génétiques peuvent prédisposer les personnes à une réaction de stress accrue. Des études ont montré que des polymorphismes spécifiques de gènes impliqués dans le système hypothalamo-hypophyso-surrénalien peuvent augmenter la vulnérabilité au TSPT.4
Facteurs péritraumatiques
Gravité, nature du traumatisme et réaction au moment de sa survenue sont les facteurs de risque péritraumatiques de TSPT.
Les traumatismes impliquant une violence extrême ou une proximité personnelle augmentent le risque de TSPT. Par exemple, les victimes de violences sexuelles ont un risque plus élevé de développer un TSPT.
Une dissociation intense durant l’événement est un facteur prédictif de TSPT. La dissociation peut se manifester par un sentiment de détachement de la réalité ou par une amnésie partielle de l’événement.
Facteurs post-traumatiques
Faible soutien social et événements surajoutés sont les facteurs post-traumatiques à considérer.
Après l’événement traumatique, un faible soutien social augmente le risque de développement d’un TSPT : les personnes isolées ou qui manquent de réseaux de soutien sont particulièrement vulnérables.
Des événements stressants ou des pertes significatives après le traumatisme peuvent aggraver le risque. Par exemple, la perte d’un emploi ou des difficultés financières peuvent exacerber les symptômes.
Comorbidités
Le TSPT est souvent associé à d’autres troubles psychiatriques et physiques, notamment :
la dépression et les troubles anxieux ; une étude a montré que jusqu’à 80 % des personnes atteintes de TSPT souffrent également d’un autre trouble mental ;5
- les abus de substances ; de nombreuses personnes atteintes de TSPT utilisent l’alcool ou d’autres substances pour faire face à leurs symptômes, ce qui peut conduire à des troubles liés à l’utilisation de ces substances ;
- les troubles somatiques ; douleurs chroniques, troubles gastro-intestinaux et autres symptômes physiques peuvent coexister avec le TSPT. Il est courant que les patients aient des plaintes somatiques multiples.
Comment poser le diagnostic ?
Le diagnostic de TSPT repose sur les critères du DSM-V. Ces derniers peuvent être repérés dans le langage utilisé par la personne en souffrance.
Critères du DSM- 5
Les critères, bien définis dans la cinquième édition du Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM- 5), incluent :
- une exposition à un traumatisme directement, ou en tant que témoin, ou indirectement (événement traumatisant survenu à un proche) ;
- des symptômes d’intrusion (souvenirs intrusifs, cauchemars, flashback) qui peuvent être déclenchés par des rappels de l’événement traumatique ;
- un évitement persistant des stimuli associés au traumatisme, incluant l’évitement de lieux, de personnes ou d’activités ;
- une altération cognitive et de l’humeur avec amnésie dissociative, croyances négatives persistantes, détachement émotionnel. Les patients peuvent développer une vision négative du monde ou d’eux-mêmes ;
- une hyper-réactivité avec irritabilité, hypervigilance et troubles du sommeil. Les patients peuvent être en état d’alerte permanent, ce qui perturbe leur capacité à se détendre et à dormir.
Critères psycholinguistiques
Il est possible de repérer ces critères diagnostiques dans le langage intérieur de la personne (ce qu’elle se dit à elle-même) et dans son langage extérieur (ce qu’elle dit au médecin). Le tableau répertorie des exemples de phrases pouvant illustrer chaque critère du TSPT.
2. Tolin DF, Foa, EB. Sex differences in trauma and posttraumatic stress disorder: A quantitative review of 25 years of research. Psychol Bull 2006;132(6) :959-92.
3. Hoge CW, Auchterlonie JL, Milliken CS. Mental health problems, use of mental health services, and attrition from military service after returning from deployment to Iraq or Afghanistan. JAMA 2006;295(9):1023-32.
4. Yehuda R, Le Doux J. Response variation following trauma: A translational neuroscience approach to understanding PTSD. Neuron 2007;56(1):19-32.
5. Brady KT, Killeen TK, Brewerton T, et al. Comorbidity of psychiatric disorders and posttraumatic stress disorder. J Clin Psychiatry 2000;61(7):22-32.
6. Jehel L, Guidere M. Psychotraumatologie : les mots du trauma. Coll. Psychiatrie en pratique. Paris: Lavoisier, 2022.
7. Jehel L, Guidere M. Le Langage intérieur en psychothérapie : expression de soi et psychophénotypes. Coll. Psychothérapies. Paris: Dunod, 2024.