Une étude récente révèle une amélioration des symptômes dépressifs chez des patients soumis au régime cétogène, phénomène dans lequel la cétose jouerait un rôle central. Les données sur l’anxiété sont toutefois peu concluantes.

Le régime cétogène, caractérisé par une proportion importante de lipides, une teneur modérée en protéines et une restriction significative des glucides, peut jouer un rôle sur la santé mentale via des mécanismes biologiques impliquant la fonction mitochondriale, l’inflammation et la neurotransmission. Sa valeur thérapeutique chez les patients ayant des troubles psychiatriques reste toutefois à évaluer.

Une étude a exploré l’existence d’éventuelles associations entre l’adoption d’un régime cétogène et les symptômes dépressifs et anxieux. L’équipe de chercheurs a réalisé une méta-analysevia une recherche bibliographique systématique dans les bases de données Medline, Embase et APA PsycInfo depuis leur création jusqu’au 18 avril 2025, couplée à l’examen des registres d’essais cliniques (clinicaltrials.gov). Pour être incluses, les études devaient porter sur des adultes suivant un régime cétogène, défini par  26 % de l’énergie sous forme de glucides ou  50 g/j, et avoir été évaluées à l’aide d’échelles psychiatriques validées. Différents types de travaux ont été pris en compte : essais cliniques randomisés ou non, études transversales, séries de cas. Au total, 50 études portant sur 41 718 participants adultes (âgés de 18 à environ 70 ans) ont été retenues. Le risque de biais a été évalué selon les outils critiques du Joanna Briggs Institute (Université d’Adélaïde, Australie). Les méta-analyses ont été réalisées séparément pour les essais randomisés et pour les autres études.

Parue dans JAMA Psychiatry1 en novembre 2025, l’analyse portant sur les essais randomisés ne montre aucune association significative entre régime cétogène et diminution des symptômes anxieux (différence moyenne standardisée [SMD] = - 0,03 ; IC95 % = [- 0,18 ; 0,12] ; hétérogénéité modérée entre les 9 essais pris en compte). Cependant, une association significative en faveur d’une amélioration des symptômes dépressifs a été observée (SMD = - 0,48 [- 0,87 ; - 0,10] ; hétérogénéité substantielle entre les 10 essais considérés).

Les études quasi-expérimentales, quant à elles, ont montré des associations cohérentes avec une réduction modérée de l’anxiété (changement de score moyen standardisé [SMCC] = - 0,58 [- 0,81 ; - 0,36] ; faible hétérogénéité des 6 études incluses) et des symptômes dépressifs (SMCC = - 0,66 [- 0,83 ; - 0,50] ; faible hétérogénéité des 9 études incluses), indiquant une possible amélioration observable en vie réelle et en suivi longitudinal.

Un effet clinique si la cétose est biochimiquement avérée

Dans les études randomisées, l’effet antidépresseur du régime cétogène était quasi nul en l’absence de surveillance des corps cétoniques, alors qu’il devenait important et cliniquement pertinent lorsque la cétose était avérée. Ces observations suggèrent que le bénéfice potentiel dépend moins de l’étiquette « cétogène » que du fait d’atteindre un état de cétose vérifié biochimiquement. Par ailleurs, les analyses par sous-groupes ont montré une amélioration plus nette des symptômes dépressifs chez les patients non obèses par rapport aux patients obèses. Cette observation appuie l’hypothèse d’une interaction entre résistance à l’insuline, flexibilité métabolique et réponse psychiatrique. Les effets indésirables rapportés (fatigue, céphalées, troubles digestifs) étaient le plus souvent modérés et transitoires, correspondant à la phase d’adaptation métabolique. Un événement indésirable grave rare (acidocétose euglycémique chez un patient traité par inhibiteur de SGLT2) a toutefois eu lieu, soulignant la nécessité d’une évaluation médicamenteuse rigoureuse avant toute mise en œuvre, en particulier chez les patients diabétiques.

L’hétérogénéité méthodologique due à la diversité des types d’études considérés dans cette méta-analyse rend toutefois délicates les comparaisons.

En pratique, le régime cétogène pourrait être envisagé comme une approche potentiellement adjuvante, nécessitant sélection rigoureuse des patients, encadrement médical et suivi métabolique. De fait, cette alimentation même bien menée n’est pas anodine. Une récente étude animale suggère que sa poursuite à long terme présente des risques métaboliques (hyperlipidémie, stéatose hépatique, prédiabète)2.

Références
1. Janssen-Aguilar R, Vije T, Peera M, et al. Ketogenic Diets and Depression and Anxiety: A Systematic Review and Meta-Analysis.  JAMA Psychiatry 5 novembre 2025.
2. Ribéreau-Gayon A. Régime cétogène : quels effets à long terme ?  Rev Prat (en ligne) 3 novembre 2025.

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