Le régime cétogène (« keto », en anglais), fondé sur la suppression quasi totale des glucides de l’alimentation et la consommation élevée de lipides, a montré des effets bénéfiques dans les cas d’épilepsie pharmacorésistante, d’obésité et de diabète de type 2. Les connaissances actuelles sur les effets à long terme de ce régime sur le métabolisme, parfois utilisé à des fins de perte pondérale, sont toutefois lacunaires. Pour y remédier, une équipe de l’université de l’Utah (États-Unis) a mené une étude sur des souris mâles et femelles, parue en septembre 2025 dans Science Advances.Quatre groupes de souris ont été soumis à un régime alimentaire différent, pendant 36 semaines chez les mâles et 44 semaines chez les femelles (l’équivalent de plusieurs années de vie humaine) :– le premier groupe a été exposé au régime cétogène (89,9 % de gras [soit le double de la portion de gras dans l’alimentation d’un Américain moyen], 10 % de protéines, 0,1 % de glucides) ;– le deuxième à un régime pauvre en gras (10 % de gras, 20 % de protéines, 70 % de glucides) ;– le troisième à un régime riche en gras, utilisé comme standard dans les études expérimentales sur l’obésité induite par l’alimentation (60 % de gras, 20 % de protéines, 20 % de glucides) ;– le quatrième à un régime pauvre en gras et modéré en protéines (10 % de gras, 10 % de protéines, 80 % de glucides).Les souris du groupe « cétogène » ont ensuite été comparées aux souris des trois autres groupes concernant la perte de poids et plusieurs paramètres métaboliques.Les résultats ont montré, dans un premier temps, une perte de poids chez les souris des deux sexes dans le groupe « cétogène » par rapport à celles soumises au régime alimentaire riche en gras standard (troisième groupe). Cependant, sur un temps plus long, les souris « cétogènes » des deux sexes ont développé une hyperlipidémie et, chez les mâles, une stéatose hépatique. Pour aller plus loin dans l’étude de l’hyperlipidémie chez ces spécimens, des analyses anatomopathologiques ont été menées en aveugle sur des sections de foie collectées six mois après le début du régime alimentaire. Chez les mâles, le taux de stéatose était plus élevé dans les premier et troisième groupes que dans le deuxième.De plus, une intolérance au glucose et une hypercholestérolémie ont été observées chez les souris soumises au régime cétogène ; les effets négatifs de cette alimentation sur la glycémie étaient toutefois réversibles après son interruption. Les souris avaient également un niveau d’insuline bas et une sensibilité accrue à l’insuline, contrairement à celles du troisième groupe. D’après des tests complémentaires en laboratoire et des analyses transcriptomiques, ces phénomènes seraient liés à un dysfonctionnement de la sécrétion de l’insuline systémique et cellulaire.Des études comparables devront être menées sur des sujets humains pour évaluer la transposabilité de ces résultats. Au vu des potentiels risques à long terme pour la santé du régime cétogène, les auteurs de l’étude invitent à la prudence.
Référence
Sci Adv 2025;11(38):eadx2752. Gallop MR, Vieira RFL, Mower PD, et al. A long-term ketogenic diet causes hyperlipidemia, liver dysfunction, and glucose intolerance from impaired insulin secretion in mice.PMID: 40971428