En France, quels que soient l’âge, le sexe ou la catégorie socioprofessionnelle, la fréquence d’usage du cannabis (définie par au moins une consommation dans l’année) de la population générale continue d’être la plus élevée en Europe. Cette consommation concerne surtout les plus jeunes et les hommes, 28 % dans la tranche d’âge des 18-25 ans. Conduire un véhicule sous l’influence du cannabis entraîne un risque accru d’implication dans un accident mortel de la circulation routière. Tout conducteur « ayant fait usage » de cannabis est poursuivi, le témoin de cet usage étant la présence de tétrahydrocannabinol (THC) ou de ses métabolites dans le sang. Or la relation entre la pharmacocinétique/pharmacodynamique (PK/PD) après une prise fumée de cannabis et l’aptitude à conduire est peu documentée. Dans l’étude présentée, 15 consommateurs chroniques (1-2 joints/jour) et 15 consommateurs occasionnels (1-2 joints/semaine) sont étudiés après consommation d’une cigarette contenant de manière randomisée du placebo, 10 mg ou 30 mg de THC. Les effets sur la conduite sont évalués par un test de vigilance et par un simulateur de conduite durant la même période. Les effets sur l’allongement du temps de réaction sont plus importants pour les consommateurs occasionnels que pour les consommateurs chroniques. Pour l’aptitude à conduire il n’est pas retrouvé d’effet dose. L’effet total sur la conduite dure jusqu’à 13 heures chez les consommateurs occasionnels et seulement 8 heures chez les consommateurs chroniques. En conclusion, la consommation fumée de cannabis entraîne un effet délétère sur la conduite, décalé dans le temps par rapport à la cinétique sanguine du THC et prolongé chez les consommateurs occasionnels.

Jean-Claude Alvarez, université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines, UFR des sciences de la santé Simone-Veil, Guyancourt, Île-de-France)

3 novembre 2020

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