Alors qu’une enquête menée par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) est en cours pour analyser le cas de ces 91 Sud-Coréens, des éléments de réponse sont apportés par une étude chinoise qui plaide plutôt en faveur d’une réactivation du virus.
Les critères de guérison clinique utilisés en Chine pour permettre à un patient hospitalisé son retour à domicile et une levée de confinement sont : un retour à une température normale pendant 3 jours, la disparition des symptômes respiratoires, une amélioration substantielle des lésions observées au scanner thoracique et deux PCR négatives à 1 jour d’intervalle.
L’étude s’est donc portée sur l’analyse du suivi réalisé à domicile de 172 patients considérés comme guéris ; une PCR étant réalisée tous les 3 jours. Chez 25 patients (14,5 %), une PCR était de nouveau positive (PCR fécale chez 14 d’entre eux et PCR sur prélèvement nasopharyngé chez les 11 autres). Le délai moyen de repositivation de la PCR était de 5 jours après la sortie (et 7 j environ depuis la dernière PCR négative). Ces patients avaient initialement eu une forme peu sévère de la maladie (toux et fièvre). Seuls 1/3 d’entre eux avaient des symptômes à leur réadmission (toux modérée). Aucun cas d’aggravation des lésions pulmonaires au scanner n’était noté, et une amélioration était retrouvée chez 12 d’entre eux.
Dans son rapport relatif aux critères cliniques de sortie d’isolement des patients ayant été infectés par le SARS-CoV-2 en date du 16 mars 2020, le Haut Conseil de la santé publique (HCSP) rappelle que l’excrétion virale peut être prolongée même chez des patients guéris cliniquement. Dans les fèces, l’ARN viral peut être détecté jusqu'à 4 à 5 semaines après le début des symptômes ; des écouvillons nasopharyngés peuvent rester positifs jusqu’à 37 jours chez des patients adultes.
MAIS il est important de noter que l’excrétion d’ARN viral n’équivaut pas directement à l’infectiosité. Il convient de ne considérer comme pertinents que les prélèvements respiratoires pour lesquels une réplication virale a été observée en culture cellulaire ; mais cette technique n’est pas réalisable en routine.
Les auteurs chinois concluent que la détection d’une PCR positive réalisée trop précocement après la sortie d’un patient « guéri » est sans doute le reflet d’une excrétion virale persistante et fluctuante (en fonction de la charge virale). Des contrôles espacés de 48h plutôt que 24h, en association à la mesure d’autres marqueurs de l’inflammation comme le taux de D-dimères, le niveau de lymphopénie, et la détection d’anticorps sont sans doute à considérer en plus d’une PCR négative, pour confirmer la guérison.
Alexandra Karsenty, La Revue du Praticien
PCR Assays Turned Positive in 25 Discharged COVID-19 Patients. Clin Infect Dis, 8 avril 2020
HCSP. Avis relatif aux critères cliniques de sortie d’isolement des patients ayant été infectés par le SARS-CoV-2, 16 mars 2020