Une étude parue dans le Lancet montre une augmentation de l’incidence de cette maladie depuis la pandémie de Covid, probablement en lien avec une malnutrition croissante dans un contexte économique difficile depuis 2020.

Le scorbut est dû à une carence en acide ascorbique (vitamine C) : cette vitamine joue un rôle important dans le métabolisme du fer et de l’acide folique, dans la synthèse du collagène, d’hormones et de neurotransmetteurs, et dans les mécanismes de défense immunitaire. Puisque l’acide ascorbique n’est ni synthétisé par l’organisme ni stocké, son apport quotidien par l’alimentation (fruits et légumes frais) est nécessaire. Liée donc à des carences alimentaires, cette maladie avait pratiquement disparu dans les pays riches, dont la France.

Depuis la pandémie Covid, son incidence augmente pourtant, selon une étude publiée dans le Lancet. Grâce à la base de données hospitalières nationale PMSI (programme de médicalisation des systèmes d’information), les chercheurs ont pu recenser tous les enfants (< 18 ans) hospitalisés en France pour un scorbut entre janvier 2015 et 2023, soit un total de 888 enfants (âge médian : 11 ans, 49 % de garçons).

La pandémie de Covid- 19 a été associée à une augmentation de l’incidence d’hospitalisation pour scorbut de 1,9 % par mois (contre 0,05 % par mois sur la période 2015 - 2020), soit une augmentation cumulée de 35 % à la fin de la période d’étude. Elle était plus prononcée chez les enfants de 5 à 10 ans (201 %) et chez les filles (66 %).

En parallèle, les auteurs ont étudié dans cette même base de données nationale les changements dans l’incidence de la malnutrition. Ils ont observé une augmentation cumulée de 21 % des cas de malnutrition sévère sur la période post-pandémique par rapport aux années précédentes. Chez les enfants hospitalisés pour scorbut depuis 2020, la proportion de ceux ayant aussi un diagnostic de malnutrition sévère était de 23 %. Ces changements étaient aussi corrélés avec une hausse de l’inflation constatée sur la période.

Le lien entre l’aggravation de la précarité socio-économique, la dégradation de l’état nutritionnel des enfants et l’augmentation des cas de scorbut est probable. Les auteurs avertissent que cette tendance préoccupante souligne le besoin d’interventions nutritionnelles pour garantir une nutrition adéquate pour tous les enfants, et d’une sensibilisation accrue des professionnels de santé pour détecter et traiter ces cas.

Diagnostic et traitement du scorbut

Le diagnostic de scorbut est essentiellement clinique ; il est confirmé par une ascorbémie inférieure à 2,5 mg/L. Le symptômes, survenant après trois mois de carence, incluent :

  • classiquement, une asthénie, un purpura vasculaire, une gingivite hypertrophique et hémorragique ; des poils en « tire-bouchon » (bien visibles en dermoscopie, v. figure) sont des signes précoces et caractéristiques ;
  • des manifestations rhumatologiques sont possibles : arthralgies, myalgies, hémarthroses et hématomes musculaires ;
  • des cytopénies peuvent être également présentes (anémie, leucopénie).

Le traitement repose sur la supplémentation per os , 1 g/j pendant 15 à 21 jours, puis 500 mg/j pendant 1 mois, associée à une alimentation équilibrée.

Pour en savoir plus
Assad Z, Trad M, Valtuille Z, et al. Scurvy incidence trend among children hospitalised in France, 2015-2023: a population-based interrupted time-series analysis.  Lancet Reg Health – Europe 2025;49:101159.

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